lundi 2 juin 2025

Rawia Arroum - Pärm

 

Auteur : Rawia Arroum
Éditeur : Scrineo
Parution : 27 février 2025
Pages : 498
EAN-13 : 978-2381672762



Un nouveau virus décime les territoires de Pärm et menace la paix.
Qui survivra à cette guerre des royaumes où tous les coups sont permis ?
Samden a reçu de Mère Nature une couronne de lauriers et le devoir de gouverner Sajar, l'un des royaumes de Pärm où règnent harmonieusement le vivant végétal et le savoir en médecine. Sur l'autre rive de la Mer Mère, le roi Gabril gouverne Saad, un territoire à son image : royal et somptueux. Gabril peut aussi compter sur la pluie, denrée maîtresse de Pärm, qui ne tombe que sur ses terres. Mais le monarque s'ennuie et rêve secrètement de terres à conquérir et de guerres à mener. Bientôt, dans chaque royaume, une tragédie frappe. Lors de la Cérémonie de la Récolte des Bourgeons, les fleurs géantes de Sajar s'ouvrent et révèlent la mort des nouveaux-nés. De même, lors de la Cérémonie d'Ouverture d'Écrins à Saad, les coffrets renferment de jeunes cadavres. Gabril voit là une occasion de partir en guerre contre le royaume à l'abandon de Sewda, alors que Samden se lance dans l'inconnu en traversant la Mer Mère, abandonnant malgré lui son peuple aux ravages de l'épidémie. Il navigue au-delà de l'Horizon, selon la mystérieuse formule que lui a léguée sa mère " Par-delà la rumeur, plus loin que les on-dit... ", cherchant à ses risques et périls comment éradiquer ce nouveau virus...


Avant toute chose, je tiens à remercier la maison d'édition Scrineo de m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce roman via la plateforme NetGalley.

Je dois l'avouer d'emblée : ma lecture de Pärm ne s'est pas faite d'un trait. La première partie du roman m'a accompagnée pendant trois bonnes semaines (ce qui est bien trop long à mon goût et quelque peu frustrant). Non pas faute d'intérêt, mais par inadéquation d'humeur. Ce n'était tout simplement pas le bon moment pour ce type de lecture : exigeante, foisonnante, réclamant une vraie présence à soi... et à l'œuvre.
Néanmoins, après une petite pause, j'ai entamé la seconde partie et tout s'est accéléré. En moins d'une semaine, j'avais tourné la dernière page. Quelque chose s'était débloqué.

Ce qui frappe avant tout dans ce roman, c'est la richesse de l'univers que Rawia Arroum tisse patiemment. Toutefois, cette densité a un prix : il faut s'accrocher. Ce n'est pas un roman qui se laisse apprivoiser facilement. C'est un livre qui nécessite une lecture attentive.

Le style de l'autrice suit la même logique : il est travaillé, parfois lyrique, souvent introspectif. Elle ne cède jamais à la facilité. Cela donne un texte à la fois riche et élégant, mais qui demande une réelle implication de la part du lecteur.

L'intrigue de Pärm ne se livre pas sur un plateau : elle se dévoile par strates, comme un palimpseste qu'on lirait à la lueur d'une lampe vacillante. L'histoire semble d'abord floue, presque insaisissable, tant elle s'inscrit dans un monde aux règles singulières, dont le fonctionnement ne nous est pas immédiatement offert. Il faut du temps pour assembler les pièces, pour comprendre les enjeux, les forces en présence, les conflits sous-jacents. Cependant, ce flou initial est aussi ce qui rend la progression fascinante : on avance comme en exploration, entre révélations partielles et ellipses volontaires, avec la sensation que chaque chapitre est un pas vers une vérité qui refuse de se laisser dompter trop vite.  L'intrigue joue donc moins la carte du suspense classique que celle de la construction patiente d'un monde et de ses fêlures.

Les personnages de Pärm ne sont pas de ceux qu'on cerne d'un seul regard. Ils sont ambigus, souvent tiraillés. On sent que Rawia Arroum leur a insufflé une profondeur intérieure - une forme de trouble aussi parfois - qui les rend à la fois humains et insaisissables. Ils ne sont ni tout à fait héroïques, ni franchement condamnables. Ils évoluent dans une zone grise où les choix ne sont jamais simples, où les motivations restent en partie opaques. Ce sont des figures qui déroutent autant qu'elles fascinent, et dont l'évolution, bien que subtile, marque véritablement la seconde partie du roman. On finit par s'attacher à eux non pas parce qu'ils nous ressemblent, mais parce qu'ils portent en eux une tension universelle : celle de vouloir comprendre leur monde et d'y trouver une place.

En résumé, Pärm est un roman qu'il faut apprivoiser, accepter de lire lentement, avec attention, en se laissant happer par sa complexité.
Ce roman ne plaira pas à tout le monde, mais il saura ravir celles et ceux en quête d'un univers original, profond et d'une écriture exigeante.

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