mercredi 29 octobre 2025

Franck Thilliez - Rêver

 

Auteur : Franck Thilliez
Éditeur : 12-21
Parution : 26 mai 2016
Pages : 597
EAN-13 : 978-2823843880


Psychologue réputée pour son expertise dans les affaires criminelles, Abigaël souffre d'une narcolepsie sévère qui lui fait confondre le rêve avec la réalité. De nombreux mystères planent autour de la jeune femme, notamment concernant l'accident qui a coûté la vie à son père et à sa fille, et dont elle est miraculeusement sortie indemne.

L'affaire de disparition d'enfants sur laquelle elle travaille brouille ses derniers repères et fait bientôt basculer sa vie dans un cauchemar éveillé... Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.


Pour la lecture du mois d’octobre du bookclub de Chez Cha Cheshire, nous avons choisi de plonger dans Rêver de Franck Thilliez. J’avais déjà lu La Brigade des cauchemars, que j’avais beaucoup aimé, mais c’est la première fois que je découvrais un de ses romans destinés à un public adulte. Et dès les premières pages, j’ai été happée.

L’auteur a le talent de créer une tension qui ne faiblit jamais. L’ambiance est à la fois oppressante et fascinante, portée par une écriture précise et immersive. J’ai adoré la façon dont il explore les frontières floues entre rêve et réalité, en utilisant la narcolepsie comme un véritable moteur narratif. On se retrouve constamment à douter, à chercher à démêler ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas — et c’est ce qui rend la lecture aussi prenante.

J’ai été particulièrement sensible à la complexité du personnage principal et à la manière dont sa maladie — la narcolepsie — devient le véritable centre de gravité du récit. Le roman interroge autant la conscience que la vérité, et c’est sans doute là sa plus grande force : Franck Thilliez ne se contente pas de raconter une enquête, il explore la fragilité de la perception humaine. On ressort du livre troublé, comme si l’on avait soi-même partagé les rêves et les confusions de l’héroïne. Derrière l’enquête policière, il y a une vraie dimension psychologique, presque intime, qui donne au roman une profondeur inattendue. On sent que tout est minutieusement construit, que chaque détail compte, et cela rend la lecture d’autant plus captivante.

Cela dit, j’ai trouvé que certains éléments de l’intrigue étaient assez faciles à deviner. À force de lire des thrillers, on finit par repérer certaines mécaniques, et même si l’histoire reste bien ficelée, quelques rebondissements m’ont semblé prévisibles. Cela n’a pas gâché mon plaisir, mais j’aurais aimé être un peu plus surprise dans la dernière partie.

Malgré cela, Rêver reste une lecture plaisante : un roman intense, intelligent et profondément troublant. C’est un thriller psychologique dense et maîtrisé, capable de captiver le lecteur tout en l’invitant à réfléchir sur la nature du réel. Même si l’effet de surprise n’a pas pleinement fonctionné pour moi, j’ai été emportée par la tension, la sensibilité du propos et la richesse thématique du roman. J’ai adoré cette expérience immersive et je comprends mieux pourquoi Franck Thilliez est considéré comme une référence du thriller français. Pour une première incursion dans ses romans adultes, c’est une très belle découverte, parfaite pour l’ambiance sombre et mystérieuse du mois d’octobre.

samedi 25 octobre 2025

Marine Kelada - Rune

 

 Auteur : Marine Kelada
Editeur : Autoédition
Parution : 20 septembre 2024
Pages : 484
EAN-13 : 979-8344306568



Reading, Angleterre
Décembre 2024
Lyanna Marsten
Je le vois depuis des mois. Partout. Tout le temps. Il me hante. Il me passionne. Depuis qu’il m’apparaît, la vie n’a plus la même saveur, tout est plus terne : mes études d’Histoire, mes relations, mon quotidien.
Il m’appelle. Et moi, dans ma folie, je brûle d’envie de lui répondre, de m’approcher de lui, de le découvrir.
En vain. Il m’échappe.
Car il est d’un autre temps...

Reading, Angleterre
Décembre 870
Rune Sigurdsson
Je suis revenu. J’ai survécu aux montagnes du nord de la Scandinavie, là où sévissent les plus sombres légendes de mon peuple. Plus personne ne m’attendait vivant. Mais je suis là, en Angleterre, et je rejoins les rangs de la Grande Armée Scandinave.
Les miens m’appellent le Survivant. Le protégé d’Odin. Le favori des dieux.
Rien n’est plus faux.
Je suis maudit, damné.
Je suis un cauchemar.
Alors elle est mon seul espoir.
Et le moment est venu d’aller la chercher, à plus de mille ans de moi.



Comme vous le savez, je ne suis pas une grande lectrice de romance. Ce n’est pas un genre vers lequel je me tourne naturellement, car j’ai souvent peur de tomber sur des histoires trop prévisibles ou trop centrées sur les émotions au détriment de l’univers. Pourtant, quelque chose dans Rune de Marine Kelada m’a immédiatement attirée, sans doute parce qu’il y avait cette promesse de voyage dans le temps, un peu à la manière d’Outlander, avec cette idée d’un lien mystérieux entre deux époques que tout oppose.

Dès les premières pages, j’ai senti que ce roman allait m’emporter ailleurs. L’ambiance est très prenante, à la fois moderne et imprégnée d’un souffle ancien, presque mystique. Lyanna, l’héroïne, vit dans notre monde contemporain, mais elle est hantée par des visions d’un homme qu’elle n’a jamais rencontré. Cet homme, c’est Rune, un guerrier viking du IXe siècle, condamné par une malédiction. Leur rencontre semble impossible, et pourtant, quelque chose les relie, au-delà des siècles, des frontières et de la logique.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la manière dont l’autrice mélange les genres. On n’est pas seulement dans une romance, mais dans une sorte de quête à travers le temps, portée par une mythologie nordique bien dosée, qui donne au récit une dimension presque épique. L’univers viking est bien posé, suffisamment immersif pour qu’on s’y plonge sans effort, sans jamais tomber dans le documentaire ou l’excès d’information.

Le personnage de Rune dégage une force silencieuse, une douleur retenue, une intensité qui le rendent à la fois intriguant et touchant. Ce n’est pas un héros parfait, c’est un homme abîmé, marqué par le temps et la souffrance, et c’est ce qui le rend crédible. Lyanna, de son côté, est une héroïne moderne, parfois un peu impulsive, mais déterminée, et leur relation évolue dans une tension constante, entre attirance, interdits et impossibilité.

Même si je ne suis pas une grande amatrice de romance, j’ai trouvé que l’histoire d’amour était bien construite, pleine de tension et de mystère. Il y a quelques moments où j’aurais aimé que les émotions soient davantage développées, ou que certains passages prennent plus le temps de s’installer (la romance va un peu vite à mon goût), mais dans l’ensemble, le rythme est très fluide. Les chapitres sont courts, la plume est efficace, parfois poétique, et il y a ce petit quelque chose qui donne toujours envie de tourner la page suivante.

Peut-être que j’aurais aimé encore plus de profondeur historique, ou que certains aspects de la mythologie soient davantage explorés, mais je comprends aussi que ce n’est pas un roman historique pur. L’objectif est ailleurs : faire ressentir, faire rêver, faire voyager à travers le temps et les émotions. Et de ce point de vue-là, c’est une réussite.

Rune a été pour moi une belle surprise, une lecture que je n’aurais pas forcément choisie spontanément, mais qui m’a tenue en haleine du début à la fin. C’est un roman qui mêle amour, destin, mystère et voyage temporel, avec une vraie atmosphère et une histoire qui reste en tête une fois la dernière page tournée. Même sans être fan de romance, j’ai été conquise.

samedi 18 octobre 2025

Paru Itagaki - Bota Bota

  

Auteur / Dessinateur : Paru Itagaki
Editeur : Ki-oon
Parution : 2 octobre 2025
Pages : 216
EAN-13 : 979-1032719817


Mako Hikari est une femme à la constitution particulière, elle saigne abondamment du nez lorsqu'elle touche quelque chose de sale.
Son objectif : trouver un compagnon et avoir des relations sexuelles.
Désespérée, elle s'offre aux hommes sur son lieu de travail.
Néanmoins, aucun ne correspond à ses critères, aucun n'étant assez propre pour ça.



Il est des œuvres qui ne cherchent pas à plaire.
Des œuvres qui résistent à la consommation rapide, qui nécessite une certaine réflexion de la part de son lectorat.
Bota Bota en fait partie et c’est peut-être ce qui le rend si difficile à cerner… et d’autant plus intéressant à analyser.
Ce one-shot signé Paru Itagaki — que je découvrais pour la première fois ici — n’a pas tant éveillé en moi un plaisir de lecture qu’une forme de trouble. Pas désagréable, mais inconfortable, au sens fort du terme : cela m’a sortie de mon cadre habituel.

L’univers graphique, d’abord, est volontairement rugueux. Les visages, les postures, les scènes… tout y est exagéré, presque grotesque par moments. Rien n’est lissé. Rien n’est vraiment “joli”.
Cette laideur participe à un effet de distanciation : le lecteur n’est jamais installé dans une position confortable.
C’est un choix formel qui fait sens : l’œuvre elle-même parle d’un rapport troublé au corps, à l’hygiène, à la sexualité, au contact humain. Elle met en scène une obsession du “propre” qui vire à la phobie. La narration visuelle s’aligne avec cette obsession : elle dérange, visuellement et symboliquement.

Ce qui m’a marquée, c’est la manière dont le manga aborde le thème du désir sous un angle radicalement original : il n’est jamais idéalisé, ni même représenté comme quelque chose de fondamentalement positif.
Au contraire, il est présenté comme un lieu de conflit, de honte, de répression.
Cette lecture nous confronte à nos propres limites — ce que l’on attend d’une histoire dite “intime”, ce que l’on tolère ou non dans une représentation de la sexualité féminine.
Le malaise devient ici un outil narratif.
Et c’est précisément là que l’œuvre, selon moi, prend tout son intérêt : elle brouille les lignes, elle refuse les conventions du genre romantique ou érotique et expose à nu les contradictions d’un corps féminin trop longtemps observé de l’extérieur.

Autre point notable : la construction du récit n’est pas linéaire, ni très lisible à première vue.
Il y a des ruptures de ton, des disgressions, des personnages secondaires à peine esquissés. L’ensemble donne une impression d’instabilité.
Toutefois, cette fragmentation, qu’on pourrait prendre pour une faiblesse, participe justement à l’expérience sensorielle et mentale que propose le manga : on est baladé entre le grotesque, le pathétique, le tragique, l’absurde.
C’est déroutant, parfois dérangeant, et pourtant cohérent.
L’œuvre agit plus comme un catalyseur de sensations que comme une narration fluide.

En conclusion, Bota Bota ne se livre pas facilement.
Ce manga ne cherche ni à plaire, ni à rassurer.
Néanmoins, il propose une véritable expérience de lecture, au sens où il interroge la représentation du corps, du rapport à l’autre, et du désir — surtout quand ceux-ci ne rentrent dans aucune norme.
Je ne sais pas si je pourrais dire que j’ai aimé ce manga, mais je sais qu’il m’a fait réfléchir, et qu’il m’a obligée à reconsidérer certains automatismes de lecture.
Et dans une époque saturée de récits prévisibles, cela me semble déjà très précieux.

mercredi 15 octobre 2025

Cécile et Lionel Marty - Automne

 

Auteur / DessinateurCécile et Lionel Marty
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de légendes
Parution : 10 septembre 2025
Pages : 64
EAN-13 : 978-2413036678


Automne, seule survivante des Dryades, est liée à un arbre matriciel dont elle tire sa vie et sa force. Les Anciennes lui ont confié la mission cruciale de protéger ce dernier arbre, sous peine de voir sa lignée s'éteindre. Mais le peuple du fer s'aventure dans la forêt sacrée, coupe et brûle tout sur son passage. Automne va devoir intervenir pour les arrêter et préserver son existence.


Avant toute chose, je tiens à remercier les éditions Delcourt de m’avoir permis de lire cet ouvrage via la plateforme NetGalley.

L’objet est beau, le titre évoque le temps qui décline, ce qui meurt doucement, ce qui se souvient.
L’histoire, elle, se veut fable : Automne est la dernière dryade, gardienne silencieuse d’un arbre millénaire, reliquat d’un monde englouti. Face à elle, un peuple humain aveuglé par la logique du fer, de la construction, du profit. L’un préserve, l’autre rase. La confrontation paraît inévitable.

Il y a dans ce récit une sincérité qui touche. Une envie claire de parler de la nature comme d’un être vivant, vulnérable, habité de mémoires anciennes. La métaphore est assumée, peut-être un peu appuyée parfois, mais portée par une sensibilité réelle. Le dessin épouse bien cette ambition : les textures végétales foisonnent, les couleurs rappellent les mousses, les écorces, les rivières obscures. On sent la forêt, on la voit presque respirer entre les cases.

Toutefois, malgré cette richesse visuelle, le récit peine à se hisser à la hauteur de ses intentions. Il reste trop lisse, trop attendu. Le schéma narratif est classique, presque archétypal : la gardienne sacrifiée, l’agresseur mécanisé, le monde ancien balayé au nom du progrès. On sent ce que les auteurs veulent dire, mais on ne le ressent pas toujours pleinement. Automne elle-même, en tant que personnage, reste distante. Son silence aurait pu être densité, profondeur ; il devient ici retrait, effacement.

J’ai pensé, en lisant, à Mortal Engines — ce monde où les villes, littéralement, dévorent les plus petites pour survivre. À Mad Max, aussi, où les ruines industrielles deviennent le seul horizon, où la vitesse et la violence tiennent lieu de loi. Automne n’est pas aussi frontalement dystopique, mais la logique à l’œuvre est la même : un monde qui avance sans conscience, mû par un besoin de croissance devenu absurde.

Ici, la ville moderne n’est pas monstrueuse, pas encore. Elle est méthodique, désincarnée. Ce n’est pas une question de malveillance, mais d’oubli. Elle ne détruit pas par haine, mais par automatisme. Et c’est peut-être encore plus inquiétant. Le message écologique, s’il n’est pas neuf, reste pertinent : ce que l’humain consume, c’est aussi ce qui pourrait le sauver — une relation au vivant, à la lenteur, à ce qui ne produit rien mais donne tout.

Reste cette impression, en refermant le livre, d’un projet fort mais un peu retenu. Comme si, à force de vouloir préserver la nature, les auteurs n’avaient pas osé en déranger les branches. L’émotion est là, mais contenue. Le propos est clair, peut-être trop. Il manque cette zone d’ombre, ce trouble qui fait vaciller nos certitudes et donne du poids à l’histoire.

Automne est donc un bel objet, un livre qui mérite d’être lu, ne serait-ce que pour ce qu’il tente. Mais c’est aussi une œuvre qui laisse entrevoir tout ce qu’elle aurait pu être : plus ambivalente, plus incarnée, plus vertigineuse. Une graine plantée, certes, mais qui n’a pas tout à fait pris racine.

lundi 6 octobre 2025

V. E. Schwab - La vie invisible d'Addie Larue

 Auteur : V. E. Schwab
Editeur : Lumen
Parution : 3 juin 2021
Pages : 696
EAN-13 : 978-2371023048




Une vie dont personne ne se souviendra... Une histoire que vous ne pourrez plus jamais oublier... Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route.

Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d'aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d'Europe d'abord, puis dans le monde entier. Jusqu'au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l'homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ?



J’ai ce roman dans ma bibliothèque depuis sa sortie. Il me faisait envie, je savais qu’il finirait par me parler, mais je repoussais toujours le moment de m’y plonger.
Et puis, la lecture commune du mois de septembre organisée par le bookclub de Chez Cha Cheshire a été le déclic. L’occasion parfaite pour enfin rencontrer Addie.
Je savais que ce serait un roman particulier, un de ceux qui prennent leur temps, qui creusent doucement. Ce que je n’avais pas prévu, c’est à quel point il me laisserait cette sensation étrange : un mélange de légèreté, de mélancolie et de réflexion.
Il est des romans qui ne crient pas. Ils chuchotent à travers les siècles. Ils n’exigent pas d’être lus dans le fracas, mais dans ce silence où la mémoire se fêle. La vie invisible d’Addie Larue appartient à cette lignée : celle des œuvres qui narrent l’absence, sculptent le vide et habitent l’invisible.

Addie Larue refuse le destin qu’on veut lui imposer. En 1714, pour échapper à un mariage arrangé, elle passe un pacte : vivre libre, mais oubliée. Aussitôt qu’elle quitte une pièce, les gens ne se souviennent plus d’elle. Pas de nom, pas de trace, pas de souvenir.
Le concept est aussi cruel que fascinant. Et c’est ce qui m’a tenue tout au long du roman : ce mélange de solitude, de résistance et de désir de laisser une empreinte. Parce qu’Addie cherche quand même à exister. À se glisser dans les interstices de l’Histoire. À inspirer des œuvres, des idées, des émotions. Même si personne ne sait que c’est elle.

On pense forcément au mythe faustien du pacte avec le diable. Addie vend son âme pour être libre et découvre que la liberté a un prix qu’elle n’avait pas mesuré. La relation qu’elle entretient avec Luc — celui à qui elle a fait ce pacte — est complexe. Il est séduisant, mystérieux, parfois cruel, parfois troublant. Leur dynamique m’a autant intriguée qu’agacée par moments. C’est justement ce qui la rend intéressante.
Ce que j’ai aimé, c’est qu’on la suit à travers plusieurs siècles, plusieurs vies. Elle change de ville, de pays, elle observe le monde évoluer sans jamais vraiment y appartenir. C’est à la fois fascinant et profondément triste.

Et puis, il y a Henry, à New York, en 2014. Celui qui, pour une raison mystérieuse, se souvient d’elle. À partir de là, le roman prend une autre tournure.
Leur relation apporte un vrai contraste : Addie, marquée par 300 ans de solitude ; Henry, abîmé par ses propres doutes, sa peur de ne jamais être "assez". Ensemble, ils essaient d’exister dans un monde qui les abîme autrement.
C’est une histoire d’amour, oui, mais pas seulement. C’est surtout une histoire de reconnaissance. Le besoin d’être vu, vraiment.

Le roman prend son temps. On est loin du récit d’action. Il y a des longueurs, parfois. Mais si on accepte le rythme, on se laisse porter. Il y a des passages que j’ai trouvés très beaux, d’autres un peu répétitifs, mais dans l’ensemble, j’ai aimé me laisser happer par cette ambiance un peu hors du temps
On alterne entre passé et présent, entre moments d’errance et instants de tension. C’est fluide, mélancolique, souvent touchant.

La vie invisible d’Addie Larue est un roman qui parle d’existence, de solitude, de ce besoin universel d’être vu, reconnu, aimé. Ce n’est pas une lecture légère, mais une lecture qui marque, qui pousse à réfléchir.
Ce n’est pas un coup de cœur immédiat pour moi, mais c’est un roman que je suis contente d’avoir lu et encore plus d’avoir partagé dans le cadre du bookclub de Chez Cha Cheshire. Il m’a laissée avec des questions, quelques émotions en suspens et le souvenir d’un personnage qui, paradoxalement, malgré sa malédiction, ne s’efface pas.