samedi 24 mai 2025

Pierre-Paul Renders, Denis Lapière et Adrián Huelva - U4 : Koridwen

 

Auteurs : Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
Dessinateur : Adrián Huelva
Éditeur : Dupuis
Parution : 7 janvier 2022
Pages : 144
EAN-13 : 979-1034737734


« Je m'appelle Koridwen. Ce rendez-vous, j'y vais pour savoir qui je suis ». Menesguen, un hameau en Bretagne. Suite aux ravages du virus U4 qui a exterminé en dix jours toute la population, Koridwen se retrouve seule et désespérée dans la ferme familiale. Avec l'aide du vieil Yffig, elle a inhumé sa mère et les huit autres habitants du coin. Et lorsqu'Yffig est mort, Koridwen l'a enterré lui aussi, en attendant son tour. Mais son tour ne vient pas. Étrangement, beaucoup des adolescents de son âge semblent avoir survécu. Avant de mourir, sa mère lui a confié une enveloppe laissée par sa grand-mère, à ouvrir le jour de ses quinze ans. Cette lettre, qui parle d'un long voyage et de mondes parallèles, fait étrangement écho au message reçu sur son jeu en ligne préféré, « Warriors of Time ». Un message où le mystérieux Khronos lui donne rendez-vous à Paris avec les autres experts du jeu, qu'elle n'a jamais vus en vrai... Intriguée, Koridwen, qui songeait à en finir de la vie, décide d'aller chercher son cousin Max, dans son institut pour jeunes handicapés, et de se rendre avec lui en tracteur à la capitale...



Après ma lecture du volume raconté du point de vue de Stéphane, j'ai enchaîné avec celui de Koridwen. Celui-ci a une dimension assez différente pour le coup.

La fin de la civilisation se donne à voir non pas à travers l'effroi spectaculaire, mais à travers l'épure, le silence et les paysages d'une Bretagne livrée à elle-même.
Au cœur de cette désolation post-pandémique, Koridwen est une adolescente rurale et taiseuse. Elle hérite d'un monde brisé et d'un monde familial imprégné de rites anciens. Ce double héritage (celui des morts et celui des vivants) irrigue toute la bande dessinée d'une tension singulière : entre survie et transmission, entre déroute et résistance.
La narration épouse le rythme d'un lent exode, une marche à travers un pays désolé où la menace ne vient plus du virus lui-même, mais des survivants, de la peur, de l'instinct de domination. Le récit, plutôt que de chercher l'héroïsme, s'attache à des détails : un geste protecteur, un regard méfiant, un souvenir qui affleure. Le scénario tisse avec sobriété une trame humaine où les dilemmes moraux (tuer ou faire confiance, fuir ou protéger) deviennent les vrais moteurs du suspense.
Au fil des pages, un autre fil se dessine : celui d'une mémoire plus ancienne, enracinée dans la terre bretonne. Le récit s'ouvre parfois à des éclats plus symboliques, presque mystiques, liés à l'histoire familiale de Koridwen, marquée par les traditions rurales, les herbes médicinales, les signes. Ces incursions donnent à l'ensemble une tonalité particulière, entre réalisme brut et poésie voilée.

En résumé, ce volume privilégie l'humain à l'action, le sensible au spectaculaire. Je me suis plus attachée à Koridwen qu'à Stéphane. C'est une œuvre qui parle moins de fin du monde que ce qu'il reste quand tout s'effondre : la responsabilité, la mémoire et le choix de rester humain. Ce volume prend une tournure inattendue pour ma part. Je me demande à quoi cela va aboutir dans le final de cette aventure.

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