Auteur : Nataël Trapp
Editeur : Robert Laffont
Collection : Collection R
Parution : 19 septembre 2019
Pages : 378
EAN-13 : 978-2221242766
Pages : 378
EAN-13 : 978-2221242766
Demain je vais mourir... et ce ne sera pas la première fois.
Léo, 17 ans, jeune homme solitaire et sans histoires, compte les heures avant la fin des cours. Il se prépare pour la fête du lycée, organisée cette année en hommage à Jessica Stein, une élève assassinée trente ans auparavant.
Mais lorsqu'il se réveille le lendemain matin, c'est dans la vie d'un autre, dans la maison d'un autre... en 1988.
Au gré d'allers-retours entre 1988 et 2018 dans des corps différents, Léo va tout tenter pour empêcher ce meurtre et découvrir l'identité du tueur. Pourra-t-il changer le destin ?
Les 7 vies de Léo Belami est un roman atypique qui flirte avec la science-fiction et le roman initiatique, tout en intégrant une composante policière qui se développe lentement au fil des chapitres. Nataël Trapp y propose un récit ambitieux, qui soulève des questions profondes sur l'identité, le destin et la liberté, avec un protagoniste adolescent pris dans une sorte de boucle temporelle aux conséquences inattendues.
Dès les premières pages, les références cinématographiques parsèment le récit, installant une ambiance immersive qui parlera particulièrement aux cinéphiles. Parmi elles, Donnie Darko se distingue clairement, tant par le ton étrange et inquiétant que par les thématiques du voyage dans le temps, du double et des effets en cascade de nos actions. Pour qui apprécie ce film culte (comme c’est mon cas, ce film fait partie de mes favoris), le clin d'œil est réussi et enrichit l’expérience de lecture. Ces références ne sont pas gratuites : elles nourrissent véritablement l’univers mental du protagoniste, tout en accentuant le trouble que génère la mécanique narrative.
Le roman prend le pari de ne pas plonger immédiatement dans l’action ou l’intrigue policière. Le début est plus introspectif, davantage tourné vers le vécu subjectif de Léo et la découverte du phénomène étrange qu’il subit. Cela crée un rythme un peu lent au départ, ce qui pourra dérouter ceux qui s’attendent à une structure plus classique de roman à suspense. Toutefois, ce choix a le mérite de poser solidement l’univers intérieur du personnage et de donner une vraie épaisseur à ses émotions et ses dilemmes. L'enquête arrive plus tard, presque en arrière-plan, comme une conséquence du parcours existentiel de Léo, et non comme un moteur principal de l’intrigue.
L’un des points les plus perturbants du roman tient dans sa logique temporelle. Si l’idée de revivre plusieurs vies pour changer le cours de certains événements est séduisante sur le plan narratif, sa mise en œuvre m’a laissé parfois perplexe. En particulier, les conséquences des actions de Léo dans le passé sur le futur de ses parents paraissent excessivement marquées, presque démesurées compte tenu de la nature de ses interventions. Il est difficile de saisir comment de simples gestes ou choix ont pu à ce point remodeler des trajectoires de vie adultes, notamment quand le roman ne prend pas toujours le temps d’expliquer ces enchaînements.
Ce flou soulève d’ailleurs une interrogation centrale du livre : dans quelle mesure sommes-nous réellement libres de nos choix ? Et surtout, quelle est l’ampleur de notre influence sur les autres, même en apparence éloignés de nous dans le temps ? Si cette réflexion est intéressante, elle mériterait peut-être d’être un peu plus ancrée dans une logique narrative rigoureuse, pour que le lecteur n’ait pas l’impression de perdre pied.
La fin du roman, sans être totalement décevante, surprend par son surgissement un peu abrupt. La révélation finale, qui aurait pu être un point culminant du récit, laisse de nombreuses zones d’ombre. Si l’effet de surprise est là, il manque sans doute des éléments pour permettre au lecteur de reconstruire le puzzle avec satisfaction. Le sentiment qui domine alors est moins celui d’une conclusion forte que celui d’un mystère partiellement élucidé, voire d’une frustration face à des questions sans réponse.
Les 7 vies de Léo Belami est un roman qui séduit par son originalité, son ambiance cinématographique et son audace narrative. Il parvient à créer une atmosphère singulière, à mi-chemin entre la science-fiction et le drame adolescent, et propose une belle réflexion sur le poids de nos choix. Cependant, certaines lacunes dans la mécanique temporelle, des réactions peu crédibles, et une révélation finale trop brusque peuvent laisser le lecteur un peu dérouté, voire frustré.
C’est un roman qui se lit avec plaisir, qui invite à la réflexion, mais qui aurait gagné à mieux maîtriser la cohérence de son univers pour offrir une expérience plus aboutie.
Afin de compléter ma lecture, je me suis lancée dans le visionnage de la série sur Netflix, Les 7 vies de Léa.
Celle-ci m’a globalement plu, notamment pour sa capacité à créer une intrigue prenante autour du voyage temporel. Beaucoup d’éléments ont été modifiés par rapport aux livres — que ce soit le genre de certains personnages ou même l’intrigue principale — au point qu’on pourrait parler d’inspiration plutôt que d’adaptation. Mais ce n’est pas plus mal : ces choix donnent une vraie personnalité à la série. J’ai particulièrement apprécié la cohérence temporelle, mieux maîtrisée que dans l’œuvre originale.
En revanche, certains aspects m’ont dérangé, notamment le fait que l’héroïne ait des rapports sexuels alors qu’elle habite le corps d’autres personnes, une question morale que la série traite de manière trop légère à mon goût.
Malgré cela, l’ambiance, le jeu des acteurs et le mystère bien ficelé m’ont tenu en haleine jusqu’au bout.
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