Auteur / Dessinateur : Théo Grosjean
Éditeur : Dupuis
Parution : 13 janvier 2023
Pages : 64
EAN-13 : 979-1034757787
À peine arrivé dans la cour de récréation pour sa première journée de collège, le jeune Elliot, légèrement stressé de nature, voit ses angoisses se matérialiser sous la forme d'une grosse mascotte orange qui se propose de le guider dans les méandres impitoyables de l'adolescence. Banc réservé aux populaires, difficulté de se faire des amis dans ce monde de requins quand on a encore une tête de bébé, cours de natation quand on est le seul à porter un slip de bain et quand le bonnet vous fait une tête d'œuf... les avertissements de cet étrange ange gardien complètement paranoïaque ont surtout un effet immédiat sur Elliot : le stresser encore bien davantage ! Et faire de ces passages obligés et délicats que sont le collège et l'adolescence un véritable enfer !
Dans la foulée de L'Homme le plus flippé du monde, Théo Grosjean nous raconte son passage au collège à travers son alter ego, Elliot, gamin craquant mais aussi angoissé que son auteur !
Cet ouvrage se lit avec légèreté, mais il laisse derrière lui une trace, ce genre de petite vibration qu'on reconnaît quand quelque chose touche à un endroit fragile.
Elliot est un garçon anxieux.
Un vrai. Pas seulement le stress diffus qu’on traîne au quotidien, mais cette
inquiétude profonde qui serre la gorge, qui fait imaginer mille catastrophes
avant même qu’une seule ne se produise. Et pourtant, malgré son anxiété
débordante, il avance. Il trébuche, il se trompe, il panique… mais il avance.
C’est peut-être cela qui m’a le plus touchée.
Parce que, sans me confondre
complètement avec lui, j’ai retrouvé en Elliot une partie de moi — une de
celles que je n’ai jamais vraiment oubliée.
Le collège. Rien qu’en
écrivant ce mot, j’ai une petite contraction dans la poitrine. Cette période
n’a pas été ma préférée : trop de regards, trop de codes implicites, trop de
choses qu’on devait comprendre sans qu’on nous les dise. Et puis cette volonté
constante de nous ranger dans des cases, de nous définir avant même que nous
sachions qui nous sommes. Comme si on devait choisir une identité alors qu’on
était justement en train de la chercher. J’y ai laissé un peu d’insécurité,
beaucoup de questions et cette impression d’être toujours en décalage.
Alors suivre Elliot dans ses
couloirs, dans ses peurs parfois disproportionnées, dans ses espoirs
minuscules… c’était comme marcher à côté de la version plus jeune de moi-même.
Une version qui aurait aimé qu’on lui dise que tout cela — le cœur qui bat trop
vite, la peur de se tromper, le besoin d’être accepté — n’était pas une
faiblesse, mais un langage. Une façon sensible de lire le monde.
Ce premier tome ne force rien
: il raconte simplement, avec douceur et humour, ce que c’est que d’essayer
d’exister dans un environnement où tout semble trop grand. Les amitiés
naissantes, les incompréhensions qui prennent des proportions énormes, les petites
victoires… Tout sonne juste, parce que tout est à hauteur d’enfant — et en même
temps à hauteur de mémoire.
Il y a une bienveillance
profonde derrière ces pages. Les émotions ne sont pas minimisées, ni
dramatisées. Elles sont accueillies. Validées. Offertes telles qu’elles sont.
Et pour une lectrice naturellement anxieuse, il y a quelque chose de
terriblement apaisant là-dedans.
Je crois qu’Elliot au
collège est l’un de ces livres qu’on ne lit pas uniquement pour l’histoire.
On le lit pour ce qu’il remue. Pour cette façon qu’il a de rappeler que les
émotions d’hier ne sont jamais vraiment parties, qu’elles vivent encore quelque
part en nous, un peu assoupies.
Elliot devient un miroir : un
miroir qui ne renvoie pas seulement nos failles, mais aussi notre courage
discret. Celui qu’on oublie trop vite. Celui qu’on sous-estime toujours.
Et peut-être que c’est pour cela
que ce livre m’a touchée : il m’a montré qu’on peut être anxieux et avancer,
trembler et exister, se sentir différent et être profondément humain.


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