Auteur : Léa Muna
Éditeur : Scrineo
Parution : 15 mai 2025
Pages : 489
EAN-13 : 978-2381673042
Au cœur de l'Amertume, là où le danger rode, la rencontre entre Clervie et le chimèron remettra en question tout ce qu'elle pensait savoir... Et si cet hybride mi-humain, mi-chimère, était la preuve vivante d'un salut pour l'humanité ?
Dans l'Amertume, une étendue de brumes mortelles, les chimères rôdent.
Clervie, domestique sur le guet de More, passe ses journées au service de messer Sénoc, un éminent alchimiste. Entre préparation du feu bleu et relevés du front brumeux, toutes les précautions sont bonnes pour se protéger de l'Amertume.
Juste avant la grande marée, les hommes du bastion découvrent l'existence d'un chimèron, un hybride mi-humain, mi-chimère. Les inquiétudes s'accroissent avec la montée des brumes. Quelles sont les véritables intentions de cette créature ?
Lorsque Clervie découvre qu'elle a des facultés similaires à celles du chimèron, tout bascule : un lien se tisse entre eux, et elle doit maintenant choisir entre son cœur et ses devoirs.
Et si le chimèron n'était pas une menace, mais la preuve vivante d'un salut pour l'humanité ?
Le premier tome de Contrer les Brumes pose les bases d'un univers original et intriguant, où les brumes ne sont pas qu'un simple phénomène météorologique mais un danger réel, une force presque vivante à contrer. Si l'idée de départ séduit par son originalité, j'ai néanmoins trouvé qu'il fallait s'armer d'un peu de patience avant d'en savourer pleinement la richesse.
La mise en place du récit m'a semblé en effet un peu longue. Les premiers chapitres prennent le temps d'installer les enjeux, de présenter les personnages et surtout de poser les règles de ce monde. Cela a tendance à ralentir un peu le rythme.
Cependant, ce worldbuilding vaut l'effort. L'autrice maîtrise son sujet et distille avec intelligence les éléments nécessaires à la compréhension sans verser dans l'exposition lourde. On sent que tout a été pensé : les mécanismes sociaux, les forces en présence, les dangers diffus.
Parmi les personnages, Clervie est une héroïne qui ne se démarque pas par son charisme. Ce sont néanmoins son pragmatisme et ses réactions nuancées qui en font une protagoniste crédible, plus proche de la réflexion que de l'héroïsme flamboyant. Sa relation avec certains personnages est touchante. On y retrouve le thème de la "found family".
Un autre aspect qui mérite d'être souligné est la place de la femme dans cet univers. Sans revendiquer ouvertement un propos féministe, le roman esquisse en filigrane des tensions liées aux attentes sociales, au pouvoir et à la légitimité des femmes dans des rôles décisionnels ou militaires. L'héroïne, justement, se heurte à certaines résistances et doit sans cesse prouver sa compétence dans un système qui ne l'attend pas forcément à ce poste. Ce traitement subtil, sans discours appuyé, renforce l'épaisseur du personnage tout en interrogeant doucement les rapports de genre dans cet univers brumeux.
En somme, cet ouvrage est une entrée en matière soignée, qui prend le temps de construire ses fondations. Les promesses posées ici donnent envie de poursuivre l'aventure.