samedi 13 septembre 2025

Luca Blengino, Antonio Sarchione et Axel Gonzalbo - Messaline : La déesse des miroirs


Auteur : Luca Blengino
Dessinateur : Antonio Sarchione
Coloriste : Axel Gonzalbo
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
Parution : 17 septembre 2025
Pages : 56
EAN-13 : 978-2413079316


An 39 après J.-C. Valeria Messalina, 14 ans, est considérée comme la plus belle fille de Rome. Forcée d'épouser Claude, elle semble condamnée à la tristesse. Mais tout change quand Caligula est assassiné et Claude choisi comme nouvel empereur. Les portes du pouvoir s'ouvrent toutes grandes, mais ce sont la solitude et le besoin d'amour de Messaline qui vont tisser sa sinistre légende...


Avec Messaline : La Déesse des miroirs, les éditions Delcourt s’attaquent à l’une des figures les plus sulfureuses de la Rome antique. Entre réalité historique et légende noire, Messaline continue de fasciner. Mais l’album, s’il propose une relecture humanisante, soulève aussi quelques questions sur l’équilibre entre fiction, psychologie et rigueur historique.

Le récit s’ouvre à une époque charnière : Messaline, encore adolescente, est contrainte d’épouser Claude, futur empereur, plus vieux et physiquement disgracieux. On suit alors son ascension politique et intime, marquée par l’isolement, la recherche d’amour et une volonté farouche de s’imposer dans un monde d’hommes. Le scénario de Luca Blengino choisit de donner la parole à cette femme si souvent décrite par ses détracteurs masculins. Une démarche louable, qui tend à réhabiliter un personnage caricaturé, voire diabolisé.

Cependant, cette volonté de réécriture peut aussi donner le sentiment d’un certain lissage psychologique. À trop vouloir expliquer ou justifier ses actions, le récit prend parfois des accents un peu convenus. Messaline devient alors une figure presque trop moderne, trop consciente de sa condition, ce qui peut créer un décalage avec le contexte de la Rome impériale. Les amateurs d’Histoire rigoureuse pourraient y voir une forme de projection contemporaine sur un personnage antique.

Sur le plan graphique, le dessin d’Antonio Sarchione est d’un bon niveau : les visages sont expressifs, les décors romains crédibles et les scènes d’intimité comme de pouvoir sont mises en scène avec soin.

Cette bande dessinée s’inscrit pleinement dans l’esthétique et l’approche que semble proposer la collection Les Reines de Sang (que je ne connaissais pas) : un ton sérieux, un ancrage historique solide, une focalisation sur la condition féminine dans des périodes brutales. Ce cadre est à la fois sa force (on y apprend beaucoup, dans un format accessible) et sa limite : l’aspect pédagogique peut brider un peu la liberté narrative.

Messaline : La Déesse des miroirs est une lecture intelligente et sérieuse. Elle offre une relecture sensible d’un personnage historiquement dénigré, sans pour autant révolutionner la bande dessinée historique. Un bon album, solidement documenté, mais peut-être un peu trop sage et trop court pour pleinement capturer la fougue et les ambiguïtés de cette figure de la Rome antique.

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