samedi 6 décembre 2025

Pumpkin Autumn Challenge 2025 - L'Auberge des histoires extraordinaires

 


Le Pumpkin Autumn Challenge est organisé par Guimause et se déroule du 1er septembre 2025 au 30 novembre 2025. Il existe plusieurs manières de le valider mais je vous laisse vous renseigner sur son blog, ce sera bien plus simple.

Personnellement, j'ai décidé d'y aller (comme les années précédentes) au feeling et de lire ce que j'ai envie quand j'en ai eu envie. Je n'ai même pas regardé les catégories proposées au préalable.
Cet article est donc le bilan de la session 2025 de ce challenge.



¯ Monster Mash (Halloween - Créature - Classique - Comédie - Danse)
Frankenstein de Guillermo del Toro

¯ Seriez-vous capable de l'arrêter ? (Thriller - Enquête - Suspense - Identité - Philosophie - Paradoxe - Manga)
Rêver de Franck Thilliez

¯ Ceux qui ignorent qu'ils n'existent pas (Fatalité - Deuil - Esprit - Fragment - Secret - Combat - Peintresse - Art - Œuvre française)
Clair Obcur : Expédition 33
Je ne pouvais pas mettre autre chose évidemment pour cette catégorie ! Ce jeu a été une véritable claque tant sur les graphismes que la narration. Je l'ai terminé en larmes 💔 Il est rare qu'une œuvre ait un impact émotionnel aussi important sur moi.

¯ Les songes maudits de Carmilla (Vampire - Manoir - Nuit - Surnaturel - Gothique - Horreur - Nouvelle)
Dracula de Luc Besson



¯ La Bonne Auberge de la Pierre Levée (Fantasy - Quête - Médiéval - JDR - Livre dont vous êtes le héros - Voyageur - Musique)
La Bonne Auberge du Studio 17



¯ Je ne couperai pas mes cheveux, je ne parlerai pas moins fort (Mythologie - Chasseresse - Liberté - Emancipation - Féminisme)

¯ Rester tout le temps avec Brindille (Amitié - Animaux - Soin - Aventurière - Changement - Jeunesse - Bande dessinée)
Le Château des Animaux, Tome 4 : Le Sang du roi de Xavier Dorison et Félix Delep


En additionnant livres, films et jeux vidéos, j'ai réussi à compléter entièrement une catégorie. En revanche, je n'ai pas toujours réussi à trouver des correspondances avec les autres 😅

Et vous, vous avez participé ?



samedi 29 novembre 2025

Mélissa Da Costa, Carbone et Juliette Bertaudière - Tout le bleu du ciel

 

Auteurs : Mélissa Da Costa et Carbone
Dessinateur : Juliette Bertaudière
Éditeur : Albin Michel
Parution : 14 août 2024
Pages : 256
EAN-13 : 978-2226482709


Émile, 26 ans, touché par un Alzheimer précoce, quitte l'hôpital et sa famille afin de partir à l'aventure. Une jeune femme, Joanne, répond à son annonce. Ils commencent ensemble un périple où la rencontre des autres conduit à la découverte de soi-même.




Tout le bleu du ciel est une bande dessinée qui surprend par la douceur avec laquelle elle aborde un sujet pourtant lourd : celui d’un jeune homme qui décide de reprendre sa liberté alors qu’il sait que son temps est compté. Dès les premières pages, l’œuvre séduit par son atmosphère apaisante, presque lumineuse, qui contraste avec la gravité de l’histoire. Cette harmonie crée un écrin particulier, où la sensibilité ne se traduit jamais par de la lourdeur, mais par une sincérité discrète et touchante.

Le trait de l’illustratrice joue un rôle majeur dans cette impression. Les dessins sont ronds, expressifs, accueillants. Les couleurs pastel, très présentes, instaurent une ambiance douce qui invite à la contemplation. On sent une volonté claire : faire ressentir les émotions avant de les expliquer, laisser la beauté des paysages et des moments simples parler d’elle-même. Les planches respirent, les scènes sont aérées et le lecteur se retrouve embarqué dans un voyage qui tient autant du parcours intérieur que de la balade à travers la montagne.

La force de cet ouvrage réside d’ailleurs dans la manière dont il évoque cette relation entre l’espace extérieur et l’espace intime. Le road-trip n’est pas seulement un déplacement géographique : il devient une façon d’exister autrement. À travers les chemins, les arrêts improvisés, les rencontres, on suit deux personnages qui apprennent à se connaître en même temps qu’ils apprennent à se retrouver eux-mêmes. Le récit avance sans précipitation, avec une grande attention portée aux silences, aux gestes, aux regards. Cette lenteur maîtrisée donne au lecteur le temps de s’attacher aux personnages et de s’immerger dans leurs fragilités comme dans leurs élans.

Les émotions sont portées avec beaucoup de pudeur. L’histoire ne cherche jamais à tirer des larmes, mais plutôt à accompagner. On est face à une œuvre profondément humaine, où les instants de tendresse, d’humour, de doute ou de fatigue se succèdent avec naturel. Le sujet de la maladie, omniprésent en arrière-plan, est traité avec une immense délicatesse : il n’écrase pas l’histoire, il l’oriente. Ce choix donne à la bande dessinée une tonalité particulière, empreinte d’une mélancolie douce, attentive aux nuances de ce que vivent les personnages.

Sans avoir lu le roman d’origine, la bande dessinée se suffit largement à elle-même. Elle offre un récit complet, sensible, visuellement très beau, qui touche par sa simplicité et sa justesse. On en ressort apaisé, parfois un peu bousculé, mais surtout accompagné. C’est une lecture qui rappelle qu’au cœur des moments les plus difficiles, il reste toujours la possibilité de vivre pleinement, d’aimer doucement et d’admirer le monde autour de soi.


J’avoue que, pour ma part, cette adaptation télévisuelle de Tout le bleu du ciel ne m’a pas convaincu. Si l’on peut comprendre que toute transposition à l’écran implique des choix et des condensations, j’ai eu le sentiment que l’essence même de l’histoire originale de Mélissa Da Costa avait été largement perdue.

Le récit survole de nombreux éléments qui, dans la bande dessinée (et certainement dans le roman d’origine), avaient une importance cruciale. La psychologie des personnages, leur passé, leur manière de réagir face à la maladie et aux situations de la vie, sont à peine esquissés. Le personnage de Joanne, en particulier, est profondément transformé : son passé est complètement modifié et certains aspects essentiels, notamment le sujet de l’autisme qui donnait une dimension particulière à son parcours et à sa relation avec Émile, ont été retirés. Cela a un impact direct sur la signification du titre : Tout le bleu du ciel n’a plus la même résonance ni la même poésie que dans l’adaptation graphique.

La fin du téléfilm ne m’a pas non plus touché de la même manière. L’intensité émotionnelle, qui faisait la force de la bande dessinée, est beaucoup moins palpable à l’écran. Les situations sont traitées avec une certaine distance et j’ai eu du mal à éprouver de l’empathie pour les personnages, contrairement à ce que la lecture de la bande dessinée suscite naturellement.

Je peux comprendre la nécessité de simplifier ou de réorganiser une histoire pour la rendre accessible au format télévisuel, mais j’aurais apprécié retrouver toute la profondeur, toute la subtilité des relations et des émotions. Cette adaptation reste agréable visuellement et respectueuse dans ses intentions, mais elle me laisse sur un sentiment de manque de substance émotionnelle et de perte de la richesse du récit original.

mercredi 19 novembre 2025

Louison Nielman - @Piégée

 

  Auteur : Louise Nielman
Éditeur : Scrineo
Collection : Scrineo engagé
Parution : 4 septembre 2025
Pages : 207
EAN-13 : 978-2381674254


Alba, mène une vie paisible de collégienne avec ses parents et son grand frère Charly. Mais elle s’ennuie et son amitié avec son inséparable copine Uma ne lui suffit plus. Elle rêve d’ailleurs, comme son frère qui multiplie les rencontres en ligne. Alors pourquoi pas elle ? Elle s’inscrit sur un site en maquillant son identité -elle se vieillit, change de prénom, … et rencontre Angie, un jeune homme de 19 ans, sensible, délicat et mystérieux. Au fil de leurs échanges, Alba s’invente une personnalité plus farouche et trouve chez Angie une attention, une écoute… Petit à petit, elle se laisse séduire et sa vie virtuelle prend le pas sur sa vie réelle… Jusqu’au jour ou Angie lui parle de son cousin, un photographe célèbre, qui prépare une expo à New-York et cherche des modèles… Alba hésite à lui envoyer des photos dénudées, mais Angie est si doux et son cousin – ses réseaux sociaux en témoignent – si célèbre…
Le piège se referme et l’idylle va se transformer en cauchemar…



J’ai terminé @Piégée avec un sentiment mitigé. Il y a beaucoup de qualités dans ce roman : Louison Nielman sait parler de l’emprise, de la manipulation et de la vulnérabilité adolescente avec justesse et sensibilité. Le sujet est important et le récit remplit parfaitement sa mission de sensibilisation.

Néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de noter que, venant d’une lectrice plus âgée, la lecture n’a pas eu le même impact que ce qu’elle pourrait avoir sur un adolescent. L’histoire, concise et directe, se concentre sur les mécanismes de l’emprise et la psychologie de l’héroïne, mais elle ne m’a pas transportée émotionnellement. Les enjeux, qui doivent être bouleversants pour la cible du roman, restent un peu distants pour moi.

On suit le point de vue d’Alba avec empathie et c’est certainement la force du récit : comprendre la confusion, la peur, la culpabilité. Cependant, la brièveté du texte laisse peu de place à l’introspection profonde ou à la nuance psychologique pour quelqu’un qui lit avec un regard plus mature. On ressent la tension, certes, mais de façon mesurée.

Le roman brille surtout par son intention : expliquer, prévenir, sensibiliser. Le propos est solide, la lecture fluide et accessible. Pour un adolescent, ce livre peut être révélateur, éclairant et même salvateur. Vu de mon côté, il fonctionne surtout comme un rappel de ce que vivent certains jeunes, plutôt que comme un récit bouleversant.

@Piégée est un roman utile et bien pensé, qui atteint pleinement son objectif de prévention et d’empathie. Pour un lecteur adulte, il reste intéressant et bien écrit, mais le frisson, la profondeur émotionnelle ou le choc attendu ne sont pas forcément au rendez-vous. C’est une lecture pertinente, mais elle ne laissera peut-être pas une trace durable dans le cœur de tous les lecteurs — surtout ceux qui lisent de l’extérieur, hors de la tranche d’âge ciblée.

samedi 15 novembre 2025

Nelly Iceta - Modernae : De la révolution surnaturelle

 

Auteur : Nelly Iceta
Éditeur : Autoédition
Parution : 6 novembre 2025
Pages : 403
EAN-13 : 978-2956678991



1857, alors que la révolution industrielle est en plein essor, James Clerk Maxwell, physicien renommé, obtient un poste au Marischal College. Dans cette prestigieuse école est enseignée la Modernae, un prolongement des sciences physiques qui dépasse les limites du possible. Il y rencontre Cara, une élève intrépide qui souhaite relever le défi lancé par un établissement concurrent, la Dark Academia.

Mais il y a bien plus en jeu que de montrer la supériorité de son équipe. Cette compétition est l'occasion de donner une voix à ceux qui, dans cette société victorienne, sont relégués au second plan.

Dans cette uchronie où l'Histoire rencontre le surnaturel, vous traverserez des bibliothèques poussiéreuses, découvrirez des expériences rutilantes et vous confronterez à l'impossible mais cela ne vous laissera pas indemne...


Avec Modernae, Nelly Iceta signe un roman ambitieux qui réussit à rendre des notions physiques complexes accessibles même aux lecteurs peu familiers du genre uchronique. L’autrice parvient à vulgariser des concepts scientifiques sans jamais perdre le lecteur, un vrai tour de force qui témoigne d’un réel souci de clarté et de pédagogie. Elle réussit surtout à lier ces principes scientifiques rigoureux à une dimension presque magique, donnant naissance à un univers où la logique et l’imaginaire cohabitent avec une belle harmonie.

On retrouve ici une marque de fabrique chère à Nelly Iceta : son goût pour les duos. Comme dans sa duologie Lockets, elle construit la dynamique du récit autour de relations fortes, souvent fondées sur la complémentarité et la tension. Ce choix narratif permet d’ancrer l’histoire dans l’humain, de créer des échanges riches et d’instaurer une belle intensité émotionnelle.

Cela dit, j’ai ressenti un petit manque concernant les personnages de Cara et Rélhyna. Leur passé reste en surface et j’aurais aimé en savoir davantage sur leurs motivations profondes, leur histoire avant les événements du roman. Ce flou réduit un peu l’attachement qu’on pourrait avoir pour elles, alors qu’elles ont un vrai potentiel de complexité.
Rélhyna garde tout de même ma préférence parmi tous les étudiants : elle dégage une force et une maturité qui contrastent joliment avec l’ardeur parfois brouillonne de ses camarades. J’ai particulièrement apprécié le duo qu’elle forme avec Gerahl et l’évolution de leur relation au fil du récit. Rélhyna a ce petit côté froid et réservé qui la rend d’abord distante, mais plus l’histoire avance, plus on perçoit son humanité, ses doutes et ses émotions contenues.

Un des points forts du roman réside d’ailleurs dans le traitement des personnages féminins. Nelly Iceta leur accorde une réelle présence, une pluralité de caractères et d’ambitions. Loin des archétypes, ses héroïnes se distinguent par leur intelligence, leur indépendance et leur sensibilité.
Parmi elles, Katherine s’impose comme une véritable figure d’émancipation féminine : elle incarne la détermination et la liberté de penser, refusant les carcans imposés par son environnement.
Même si certains parcours auraient gagné à être davantage creusés, on sent une volonté sincère de mettre en avant des femmes fortes et nuancées, sans jamais tomber dans la caricature.

Enfin, s’il y a un point qui m’a un peu moins convaincu, c’est la manière dont Maxwell maîtrise la Modernae. Sa progression m’a semblé trop rapide et un peu trop aisée. J’aurais préféré suivre un parcours plus lent, marqué par l’apprentissage, le doute et l’effort — un cheminement où le travail primerait sur le talent inné. Je comprends néanmoins que, pour les besoins de l’intrigue, cette facilité serve la narration et la fluidité du récit.

En somme, Modernae est un roman à la fois accessible, riche en idées et porté par des personnages attachants, même si certains aspects auraient mérité un peu plus de profondeur. Nelly Iceta confirme ici son talent pour les duos et les univers construits avec soin, tout en laissant au lecteur la curiosité d’en savoir encore plus sur ses personnages et leurs secrets.

samedi 8 novembre 2025

Marc Levy - Et si c'était vrai...

 

Auteur : Marc Levy
Lecteurs : Hugo Becker, Alice Isaaz et Thierry Janssen
Éditeur : Lizzie
Parution : 3 avril 2025
Durée : 5 h 56 min
EAN-13 : 979-1036631030

Lauren est dans le coma, c'est indéniable. Mais elle est aussi dans le placard d'Arthur, un peu comme un fantôme, cela est tout aussi indéniable... Arthur, en tout cas, est bien obligé de l'admettre : il la voit, l'entend, la comprend et finit même par l'aimer. Mais que peut-on espérer d'un fantôme que l'on est le seul à distinguer ? On ne tombe pas amoureux d'un mirage, on ne force pas son meilleur ami à dérober une ambulance pour kidnapper un corps dans le coma, on ne ment pas à la police pour sauver une ombre, et pourtant...
Marc Lévy signe ici un premier roman particulièrement grisant, qui s'amuse du lecteur et de ses certitudes, toujours avec légèreté : comme Arthur, on se laisse prendre au jeu de Lauren, et comme lui, on finit par se dire, entre deux rebondissements : Et si c'était vrai....



J’avais vu le film il y a longtemps. Je m’en souvenais vaguement : une comédie romantique douce, un peu magique, avec ce charme typique des années 2000. L’idée d’une femme invisible que seul un homme peut voir m’avait marquée, sans pour autant me pousser à lire le roman d’origine. C’est finalement en découvrant le livre audio de Marc Levy que j’ai décidé de me plonger dans cette histoire — et j’ai réalisé à quel point le texte original est différent du souvenir que j’avais gardé du film.

Dès les premières minutes d’écoute, j’ai été surprise par la tendresse du ton, bien plus intime et poétique que ce que j’imaginais. Marc Levy ne cherche pas le spectaculaire : il installe une atmosphère douce, presque suspendue, où le merveilleux s’invite discrètement dans le quotidien. Arthur, jeune architecte, découvre dans son placard la présence d’une femme — Lauren — plongée dans le coma à l’hôpital. Elle est invisible pour tous, mais pas pour lui. À partir de là, se tisse une relation hors du commun, entre deux mondes, entre la vie et l’invisible.

Ce qui fonctionne particulièrement bien dans cette version audio, c’est la multiplicité des voix. Plusieurs narrateurs se relaient pour incarner les personnages et cela donne au récit une dynamique très vivante. On passe d’un point de vue à l’autre avec naturel, chaque interprète apportant sa sensibilité, sa couleur. La voix de Lauren, douce mais déterminée, contraste avec celle d’Arthur, plus posée et incrédule, et cet équilibre crée une vraie complicité d’écoute. Cette alternance renforce la crédibilité des dialogues et l’émotion des scènes.

Je crois que ce format joue un rôle essentiel dans mon appréciation du roman. L’histoire, bien qu’agréable, reste simple et prévisible. Mais en audio, elle prend une autre dimension : plus incarnée, plus humaine. Les voix font vivre ce qu’on lirait peut-être comme une romance légère et transforment le texte en expérience sensorielle. On se laisse porter sans effort, on sourit, on s’attendrit. C’est une histoire qu’on écoute avec le cœur, le genre de récit parfait pour accompagner une soirée tranquille ou un trajet un peu long.

Mais au-delà de la romance, Et si c’était vrai… raconte autre chose : c’est une histoire sur la foi dans ce qu’on ne voit pas, sur la puissance de l’imaginaire et du lien humain. Marc Levy nous parle aussi de notre rapport au temps. Lauren, figée entre la vie et la mort, vit un présent immobile, tandis qu’Arthur, lui, redécouvre la valeur du temps à travers cette rencontre improbable. Ensemble, ils apprennent à habiter l’instant, à donner du sens à chaque minute partagée. Le roman nous rappelle que le temps n’a pas la même valeur pour tout le monde : parfois il se fige, parfois il s’étire, et il devient précieux dès lors qu’on aime. C’est une belle réflexion sur la nécessité de ralentir, de croire, et de vivre pleinement, même quand tout semble suspendu.

Pour une première rencontre avec Marc Levy, c’est une jolie surprise. Son écriture est fluide, directe, sans prétention, mais pleine de bienveillance. Il parle d’amour, de perte, d’espoir, de cette croyance dans l’invisible qui nous fait du bien. Je comprends mieux pourquoi ses romans touchent un si large public : il a cette façon simple de relier le merveilleux à l’intime, sans jamais forcer le trait.

Je ne dirais pas que Et si c’était vrai… m’a bouleversée, mais il m’a offert un moment de douceur. Un de ceux qu’on accueille avec plaisir, sans attente particulière, et qui laissent une empreinte légère mais réelle. Le format audio y est pour beaucoup — ici, les voix ne se contentent pas de raconter : elles incarnent.

En terminant mon écoute, j’ai eu envie de découvrir d’autres romans de Marc Levy — mais probablement encore en audio. Parce que, dans cette version, c’est vraiment la pluralité des voix qui donne vie à la magie.

mercredi 5 novembre 2025

Cassandre Lambert - Atalante, Tome 2 : L'Ascension d'une légende

 

Auteur : Cassandre Lambert
Éditeur : Didier Jeunesse
Parution : 5 mars 2025
Pages : 448
EAN-13 : 978-2278131945



Anéantie. En tuant accidentellement son garde du corps, Atalante a non seulement une mort sur la conscience, mais elle a aussi ruiné tous ses espoirs de rejoindre un jour les Amazones. Lorsque Jason lui propose de l’aider à récupérer la Toison d’or, elle y voit une rédemption possible : si la gloire lui est inaccessible, elle aidera le chef des Argonautes à l’atteindre. Accompagnée d’Asclépios, elle noie alors son chagrin dans les aventures épiques qui se succèdent. Une certitude demeure : elle ne cèdera pas à la prophétie qui menace sa vie. Mais lorsque les sentiments seront les plus forts, pourra-t-elle refuser sa destinée ?
Suite et fin de la réécriture éblouissante du mythe d’Atalante. Un périple en mer digne des plus grandes épopées !

J’ai lu les deux tomes d’Atalante cette année, et je suis contente d’avoir enfin découvert — et terminé — cette duologie. Dans l’ensemble, ce fut une bonne lecture, agréable et bien écrite, même si je n’ai pas été totalement conquise.

Ce deuxième volet m’a semblé plus introspectif et plus sérieux que le premier. Cassandre Lambert développe bien les émotions de son héroïne : on sent une vraie évolution chez Atalante, plus fragile, plus humaine, marquée par la culpabilité et le besoin de se reconstruire. J’ai aimé cette profondeur et la sensibilité que l’autrice parvient à transmettre à travers une plume toujours fluide et claire. On lit sans effort et c’est un vrai plaisir sur ce point.
Concernant les autres personnages, j’ai trouvé qu’ils prenaient davantage de place ici, même si certains manquent encore un peu de profondeur. Asclépios est sans doute celui qui m’a le plus touchée : il apporte une douceur et une stabilité qui contrastent joliment avec le tempérament fougueux d’Atalante. Leur relation, faite de respect et de retenue, est bien construite et évite certains clichés. Jason et les Argonautes, quant à eux, élargissent l’univers et offrent des moments d’aventure plaisants, mais j’aurais aimé qu’ils soient un peu plus développés, car certains semblent survolés. On sent pourtant tout le potentiel d’un vrai groupe de héros.

Cependant, j’aurais voulu davantage de mythologie. C’est ce que j’avais préféré dans le premier tome : les dieux, les Amazones, les références au mythe grec. Ici, cette dimension m’a semblé un peu en retrait, remplacée par une aventure plus tournée vers l’action et la quête intérieure. Ce n’est pas mal du tout, mais j’espérais une immersion plus forte dans le monde mythologique.

Malgré tout, la fin conclut bien la duologie. Elle reste cohérente avec le ton général de la saga : un mélange de courage, de vulnérabilité et de destin. Ce n’est pas une conclusion spectaculaire, mais elle est juste et fidèle à l’esprit du récit.
En refermant ce second tome, je garde une impression globalement positive : Atalante est une série bien construite, écrite avec soin et sincérité, mais qui ne m’a pas totalement marquée. Je suis heureuse de l’avoir lue et d’avoir bouclé les deux tomes en 2025 — une lecture que je recommanderais pour le plaisir d’un bon récit d’aventure inspiré de la mythologie, sans en attendre trop.

samedi 1 novembre 2025

Charlotte Rotman, Anne Bouillon et Lison Ferné - Les femmes ne meurent pas par hasard

 

Auteurs : Charlotte Rotman et Anne Bouillon
Dessinateur : Lison Ferné
Éditeur : Steinkis
Parution : 31 octobre 2024
Pages : 189
EAN-13 : 978-2368466575


Anne Bouillon est avocate à Nantes et féministe. Depuis metoo, son cabinet ne désemplit pas. Chaque jour, des victimes s’adressent à elle. Chaque jour, elle se bat pour que la justice les entende.




Les femmes ne meurent pas par hasard est un livre marquant, essentiel et profondément émouvant. À travers une enquête rigoureuse et sensible, les autrices nous plongent dans un sujet délicat et nécessaire : la violence envers les femmes. Loin de se limiter à une simple chronique criminelle, l'ouvrage est une réflexion sociale et politique, un cri de vérité sur la manière dont les femmes sont souvent invisibilisées dans l’espace public et dans les récits médiatiques.

L’ouvrage adopte une approche qui mêle enquête journalistique et témoignages personnels, où l’authenticité de la parole des victimes se fait entendre à chaque page. Le titre du livre, Les femmes ne meurent pas par hasard, fait écho à une réalité douloureuse : les violences faites aux femmes, et en particulier les meurtres, sont trop souvent traitées comme des faits divers ou des tragédies isolées, sans considération pour les causes profondes et systématiques qui les sous-tendent.
On interroge ces disparitions de femmes, mais sans se contenter de raconter les faits : on cherche à comprendre pourquoi ces femmes disparaissent, pourquoi elles sont réduites à des numéros dans des statistiques ou, pire, pourquoi leur disparition semble laisser si peu de trace dans les consciences collectives. On soulève des questions essentielles sur l’invisibilité des femmes dans les médias, leur traitement dans les affaires criminelles et sur la manière dont la société semble accepter, ou ignorer, ces violences.

Ce qui frappe dans Les femmes ne meurent pas par hasard, c’est l’équilibre entre une écriture accessible et une profondeur d’analyse. On nous présente un sujet extrêmement lourd qui, sans jamais tomber dans le pathos ou le sensationnalisme, parvient à rendre chaque récit vivant et poignant. On donne une voix aux femmes disparues, mais aussi à celles qui les ont connues, à leurs proches, à leurs familles et à tous ceux qui ont été affectés par ces tragédies.
L’écriture est à la fois sobre et émotive. On réussit à transmettre toute la souffrance des personnages tout en conservant une grande dignité dans son approche. Les témoignages, souvent empreints de colère et de tristesse, sont d’une grande humanité et portent un message clair : il ne faut pas oublier ces femmes, il faut entendre leurs voix.

Les femmes ne meurent pas par hasard n’est pas seulement un recueil d’histoires tragiques, mais une véritable réflexion sur la société. Anne Bouillon se fait l’avocate de toutes ces femmes qui disparaissent sans que personne ne les cherche vraiment, ou qui, après leur mort, sont rapidement oubliées, comme si elles n'avaient jamais existé. Elle explore le traitement médiatique de ces disparitions, souvent biaisé, parfois indifférent, et fait un parallèle entre la place des femmes dans le journalisme et leur invisibilité dans d’autres sphères sociales.
L’autrice questionne les structures patriarcales, les stéréotypes de genre et la culture du silence qui entoure trop souvent les violences faites aux femmes. Ce livre n’est pas seulement une dénonciation des faits ; il appelle aussi à une prise de conscience collective sur la manière dont ces violences sont institutionnalisées.

Les autrices ne se contentent pas de dérouler des faits, elles cherchent à donner une forme à l’invisible. Elles explorent les contextes sociaux, familiaux et économiques dans lesquels ces disparitions prennent place. En utilisant des témoignages, des enquêtes et des recherches, elles reconstituent des histoires qui, autrement, auraient pu passer inaperçues. Le livre devient alors une sorte de monument dédié à toutes celles qui ont été effacées de la mémoire collective.

Bien que Les femmes ne meurent pas par hasard soit un ouvrage d'une grande pertinence et d'une grande force, il peut parfois sembler un peu dense dans son approche. La pluralité des témoignages et des récits peut rendre la lecture un peu complexe à certains moments, en particulier lorsque on entre dans les détails des contextes sociaux et des données statistiques. Toutefois, cette densité est également ce qui donne au livre toute sa richesse.
Le rythme peut aussi varier au fil des chapitres, avec des passages plus introspectifs qui ralentissent parfois l’élan de l’enquête. Cela n'enlève rien à la qualité du texte, mais il faut reconnaître que certains lecteurs pourraient souhaiter un rythme un peu plus soutenu dans la narration.

En définitive, Les femmes ne meurent pas par hasard est un livre à la fois courageux et nécessaire. Il nous pousse à réfléchir sur notre société, sur les mécanismes qui permettent la violence faite aux femmes et sur l'importance de leur donner une place centrale dans les récits publics. Les autrices réussissent à rendre visibles des femmes dont on ne parle jamais assez, à déconstruire les stéréotypes qui les entourent et à éveiller la conscience collective sur la manière dont la violence envers les femmes est traitée dans l’espace médiatique et politique.
Ce livre ne se contente pas de dénoncer, il propose aussi une prise de position forte et un appel à l’action. Un ouvrage nécessaire pour quiconque s'intéresse à la question des droits des femmes, de l’invisibilisation des victimes et de l’évolution des mentalités face à ces questions urgentes. À lire absolument.