mercredi 3 septembre 2025

Jeremy Barlow et Josh Wood - Avatar : Au cœur des ombres

   

Auteur : Jeremy Barlow
Dessinateur : Josh Wood
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : 27 août 2025
Pages : 96
EAN-13 : 978-2413077978


Jake Sully est devenu le chef de la tribu Na'vi des Omatikayas, mais avec leur Arbre-Vie détruit, il commence à douter de sa place parmi eux. Alors que la querelle entre les Na'vi et les humains persiste, les tensions entre les tribus commencent à s'intensifier tandis que de vieux conflits familiaux engendrent traîtrise et trahison !


J’ai refermé Avatar : Au cœur des ombres avec un sentiment ambivalent. D’un côté, le comics a ses qualités indéniables : les planches sont soignées, les couleurs sublimes et l’univers de Pandora continue de fasciner par sa richesse visuelle. On retrouve Jake Sully en chef, confronté à des dilemmes personnels et tribaux, et cette approche introspective apporte un peu de fraîcheur par rapport aux films.

Mais malgré ces aspects positifs, j’ai eu du mal à pleinement m’immerger. Le récit m’a semblé trop dense pour son format : en moins de cent pages, le scénario tente de traiter trop de sujets – leadership, rivalités, écologie, héritage spirituel – et certains arcs auraient mérité d’être développés pour que les enjeux émotionnels prennent réellement.

Autre point : l’album s’adresse avant tout aux fans de l’univers. Si l’on connaît mal les personnages secondaires ou les coutumes Na’vi, certaines scènes paraissent abruptes ou manquent de contexte.

Pour un lecteur occasionnel, le récit peut sembler un peu confus et difficile à suivre.
En résumé, cet ouvrage est agréable à parcourir et offre quelques moments de vraie intensité émotionnelle, mais il ne m’a pas complètement convaincue. C’est un ajout correct à l’univers d’Avatar, mais qui manque de souffle et de profondeur pour marquer durablement. Une lecture que j’ai appréciée, mais sans être vraiment enthousiasmée.

samedi 30 août 2025

Taylor Jenkins Reid - Le(s) vrai(es) amour(s)


Auteur : 
Taylor Jenkins Reid
Editeur : 10/18
Parution : 12 juin 2025
Pages : 360
EAN-13 : 978-2264086297


Le jour où son mari, Jesse, disparaît au cours d'un accident d'hélicoptère, le monde d'Emma Blair s'effondre. Dévastée, c'est dans sa ville natale du Massachussets qu'elle se réfugie pour surmonter cette tragédie. Entre les rayonnages de la librairie de ses parents, Emma reprend peu à peu goût à la vie. Et quand elle croise la route de Sam, un ami d'enfance, elle entrevoit enfin la possibilité d'être à nouveau heureuse à ses côtés. Mais quelques jours après leurs fiançailles, son destin bascule une seconde fois, lorsqu'elle apprend que Jesse est vivant. Emma va alors devoir choisir entre son premier amour et le nouvel amour de sa vie.



Comme chaque année, j’ai retrouvé Taylor Jenkins Reid avec plaisir. Ce rendez-vous annuel est devenu une sorte de rituel, et même si Le(s) vrai(es) amour(s) n’est pas mon préféré de l’autrice, il n’en reste pas moins un roman qui m’a fait réfléchir bien au-delà de ses pages.

Ce que j’apprécie particulièrement chez cette autrice, c’est sa capacité à ne pas proposer d’amour idéalisé. Elle explore ici l’amour dans toute sa complexité : celui qui nous construit, celui qui nous apaise, celui auquel on tient par souvenir ou par espoir et celui qu’on choisit consciemment, avec lucidité. L’amour n’est jamais simple et ce roman le prouve encore une fois. Il s’agit moins de passion fulgurante que de confrontation entre plusieurs vérités affectives — entre ce qu’on a été et ce qu’on est devenu.
 
En lisant, je me suis beaucoup interrogée sur ce que j’aurais fait à la place d’Emma. J’ai trouvé le dilemme central profondément humain, mais aussi parfois frustrant. J’avoue avoir eu du mal avec certains de ses choix — je ne peux pas en dire plus sans gâcher l’intrigue — mais disons que, par moment, son comportement m’a semblé manquer de clarté ou d’équité, ce qui a freiné un peu mon empathie pour elle.
Cela dit, cette gêne a aussi nourri ma réflexion : peut-on vraiment agir "justement" quand on aime sincèrement deux personnes différentes ? Est-ce que l’amour se mesure à l’intensité, à la durée, à la compatibilité ? Ou à ce qu’on choisit de construire chaque jour avec quelqu’un ? Ces questions m’ont accompagnée bien après avoir refermé le livre.

J’ai été, sans grande surprise, Team Sam. Il incarne une forme de stabilité, d’attention sincère et une certaine maturité dans la manière d’aimer — des qualités qui, pour moi, résonnent profondément avec ce que j’attends d’une relation amoureuse. Sur certains aspects, il m’a même rappelé mon mari, ce qui a sans doute renforcé mon attachement à ce personnage.

Un élément a un peu influencé mon expérience de lecture : je me suis rendue compte en cours de route que j’avais déjà vu l’adaptation cinématographique, sans savoir qu’elle était tirée de ce roman. J’en connaissais donc la fin, ce qui a atténué l’effet de surprise et l’intensité de certains moments. Cela dit, cela ne m’a pas empêchée d’apprécier la finesse avec laquelle Taylor Jenkins Reid explore les nuances des sentiments, des choix et des contradictions humaines.

Ce roman ne brille pas par une structure narrative ambitieuse comme d’autres de l’autrice, mais il touche juste, parce qu’il parle de quelque chose d’universel : le changement, les secondes chances, et cette question lancinante qu’on se pose parfois — « et si… ? »

mercredi 27 août 2025

Alain Damasio - La Horde du Contrevent

 

Auteur : Alain Damasio
Editeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Parution : 4 février 2021
Pages : 736
EAN-13 : 978-2072927515


Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité.
Imaginez qu'un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent.
Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueules, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte : l'Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe.
Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître.
Je m'appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur à la cage volante.
Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses.
Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l'ultime.



La Horde du Contrevent est un roman qui ne laisse pas indifférent, tant par sa forme que par son fond. Véritable ovni littéraire, cette œuvre de science-fiction poétique est à la fois un voyage initiatique, une expérience sensorielle et une méditation philosophique sur le mouvement, la résistance, le sens et la quête.
 
Alain Damasio ne facilite pas l’entrée dans son univers. Le roman s’ouvre sans concession, sans exposition explicite, au cœur de l’action. Le lecteur est immergé d’emblée dans un monde balayé par des vents violents et doit reconstituer les règles de cet univers au fil des pages. La narration polyphonique, marquée par une typographie inventive (chaque personnage ayant son propre signe), rend la lecture parfois déroutante mais aussi intensément vivante. Ce choix structurel renforce la pluralité des points de vue et le sentiment de cohésion (ou de tension) au sein de la Horde.
Le style de l’auteur est dense, poétique, parfois presque lyrique et pousse le lecteur à ralentir, à savourer les phrases comme on affronterait une bourrasque : avec attention, résistance, parfois fatigue, mais souvent émerveillement. Il ne s'agit pas d'un roman qu'on lit "pour se détendre", mais bien d'une expérience littéraire qui demande un engagement réel.
 
Le vent n’est pas qu’un élément de décor dans La Horde du Contrevent, il est l’essence même du monde et le moteur de la narration. Il est à la fois obstacle, terrain, langage, énergie et mystère. La quête de la Horde — remonter à la source du vent — devient une quête métaphysique, presque spirituelle : qu’est-ce que ce souffle qui traverse tout ? D'où vient-il ? À quoi mène-t-il ?
Le vent est l’adversaire omniprésent, ce que les hordiers affrontent physiquement, mentalement et moralement. Il oblige chacun à se dépasser, à apprendre à se positionner, à se synchroniser avec les autres. Il révèle les failles, les forces et les renoncements. À travers lui, Alain Damasio parle de résistance, de ténacité, d’effort collectif face à l’inconnu ou à l’implacable. Cela rejoint une réflexion sur la dignité de lutter, même si le but reste flou ou inaccessible.
Plus profondément encore, l’auteur développe une réflexion sur le souffle vital, ce qui fait qu’on tient debout, ce qui pousse en avant. Certains personnages, comme Caracole, en font une approche presque mystique : le vent devient langage, musique, pensée fluide. Le souffle, c’est aussi ce qui relie : à soi, aux autres, au monde. Dans cet univers, tout est affaire de flux, de circulation, de rythme. Même la structure du récit épouse cette dynamique : les mots courent, se heurtent, freinent, accélèrent — ils "soufflent" eux aussi.
 
L’univers imaginé par l’auteur est déroutant de cohérence et de profondeur. On sent derrière chaque concept (la géographie inversée, les vents, les castes, les langages, les rituels, les noms) une réflexion philosophique et poétique. Rien n’est gratuit, rien n’est simplement décoratif. Le monde est organisé autour de la lutte contre le vent et chaque aspect de la société (de la musique au combat en passant par la transmission du savoir) en découle.
Alain Damasio prend le pari risqué d’un monde sans repères faciles : pas de cartes complètes, pas d’histoire figée, pas d’explications exhaustives. Ce flou est voulu et il fait partie de l’expérience : c’est au lecteur de marcher contre le vent, aux côtés de la Horde.
L’un des paris les plus ambitieux de La Horde du Contrevent réside dans la tentative d’Alain Damasio de faire exister une vingtaine de personnages à travers une narration polyphonique où chacun possède sa voix, son souffle, sa manière de percevoir et de penser le monde. Ce dispositif formel, soutenu par une typographie spécifique à chaque personnage, est original et donne au récit une texture collective rare. Certaines figures, comme Golgoth, d’une brutalité fascinante, ou Caracole, dont le verbe virevolte entre poésie et énigme, s’imposent rapidement par leur intensité et leur originalité.
Cependant, cette richesse n’est pas également répartie : certains personnages peinent à véritablement s’incarner émotionnellement, au-delà de leur fonction ou de leur discours. C’est le cas, par exemple, d’Oroshi, l’aéromaîtresse, dont les propos sont souvent profonds et stimulants intellectuellement, mais dont la froideur dans les rapports humains rend l’attachement difficile. Elle reste distante, presque abstraite, et ce manque de chaleur relationnelle m’a parfois freinée dans mon implication émotionnelle. Ce constat peut s’appliquer à d’autres membres de la Horde, qui semblent définis davantage par leur rôle que par de véritables liens affectifs ou conflits humains profonds.
De manière générale, bien que la notion de collectif soit centrale dans le roman, les relations interpersonnelles restent souvent en retrait, peu explorées dans leur densité émotionnelle. Cela peut renforcer une certaine frustration : on aimerait parfois plus de fragilité, plus de liens sensibles, plus de cœur, au-delà du souffle. Mais cela semble faire partie d’un choix d’écriture : un monde rude, où l’urgence du vent laisse peu de place à l’intimité, ou du moins à une intimité facilement accessible.
 
La Horde du Contrevent peut rebuter. Certains trouveront le style trop ampoulé, la narration trop complexe, le propos parfois abstrait. D’autres regretteront un rythme inégal ou une certaine grandiloquence dans les discours. Le rapport émotionnel à certains personnages, parfois ténu, peut également limiter l’immersion ou la portée dramatique de certaines scènes.
Mais au-delà de ces faiblesses relatives, l'œuvre marque profondément. Peu de romans proposent une véritable vision du monde, et encore moins un langage propre pour la dire. Alain Damasio ose. Il invente. Il propose une œuvre rare, dense, radicale, qui interroge ce que c’est que résister, avancer, souffler, créer.
 
La Horde du Contrevent n’est pas un roman pour tous, ni pour tous les moments. C’est une lecture exigeante, parfois rugueuse, mais profondément vivifiante. À travers le vent, l’auteur interroge notre capacité à tenir face à l’adversité, à marcher vers un but incertain et à trouver du sens dans le mouvement lui-même. C’est une odyssée intellectuelle et sensorielle, qui exige du souffle — mais qui, pour peu qu’on l’affronte pleinement, laisse un sillage durable.

samedi 16 août 2025

Nataël Trapp - Les 7 vies de Léo Belami



Auteur : Nataël Trapp
Editeur : Robert Laffont
Collection : Collection R
Parution : 19 septembre 2019
Pages : 378
EAN-13 : 978-2221242766



Demain je vais mourir... et ce ne sera pas la première fois.

Léo, 17 ans, jeune homme solitaire et sans histoires, compte les heures avant la fin des cours. Il se prépare pour la fête du lycée, organisée cette année en hommage à Jessica Stein, une élève assassinée trente ans auparavant.
Mais lorsqu'il se réveille le lendemain matin, c'est dans la vie d'un autre, dans la maison d'un autre... en 1988.
Au gré d'allers-retours entre 1988 et 2018 dans des corps différents, Léo va tout tenter pour empêcher ce meurtre et découvrir l'identité du tueur. Pourra-t-il changer le destin ?



Les 7 vies de Léo Belami est un roman atypique qui flirte avec la science-fiction et le roman initiatique, tout en intégrant une composante policière qui se développe lentement au fil des chapitres. Nataël Trapp y propose un récit ambitieux, qui soulève des questions profondes sur l'identité, le destin et la liberté, avec un protagoniste adolescent pris dans une sorte de boucle temporelle aux conséquences inattendues.

Dès les premières pages, les références cinématographiques parsèment le récit, installant une ambiance immersive qui parlera particulièrement aux cinéphiles. Parmi elles, Donnie Darko se distingue clairement, tant par le ton étrange et inquiétant que par les thématiques du voyage dans le temps, du double et des effets en cascade de nos actions. Pour qui apprécie ce film culte (comme c’est mon cas, ce film fait partie de mes favoris), le clin d'œil est réussi et enrichit l’expérience de lecture. Ces références ne sont pas gratuites : elles nourrissent véritablement l’univers mental du protagoniste, tout en accentuant le trouble que génère la mécanique narrative.

Le roman prend le pari de ne pas plonger immédiatement dans l’action ou l’intrigue policière. Le début est plus introspectif, davantage tourné vers le vécu subjectif de Léo et la découverte du phénomène étrange qu’il subit. Cela crée un rythme un peu lent au départ, ce qui pourra dérouter ceux qui s’attendent à une structure plus classique de roman à suspense. Toutefois, ce choix a le mérite de poser solidement l’univers intérieur du personnage et de donner une vraie épaisseur à ses émotions et ses dilemmes. L'enquête arrive plus tard, presque en arrière-plan, comme une conséquence du parcours existentiel de Léo, et non comme un moteur principal de l’intrigue.

L’un des points les plus perturbants du roman tient dans sa logique temporelle. Si l’idée de revivre plusieurs vies pour changer le cours de certains événements est séduisante sur le plan narratif, sa mise en œuvre m’a laissé parfois perplexe. En particulier, les conséquences des actions de Léo dans le passé sur le futur de ses parents paraissent excessivement marquées, presque démesurées compte tenu de la nature de ses interventions. Il est difficile de saisir comment de simples gestes ou choix ont pu à ce point remodeler des trajectoires de vie adultes, notamment quand le roman ne prend pas toujours le temps d’expliquer ces enchaînements.
Ce flou soulève d’ailleurs une interrogation centrale du livre : dans quelle mesure sommes-nous réellement libres de nos choix ? Et surtout, quelle est l’ampleur de notre influence sur les autres, même en apparence éloignés de nous dans le temps ? Si cette réflexion est intéressante, elle mériterait peut-être d’être un peu plus ancrée dans une logique narrative rigoureuse, pour que le lecteur n’ait pas l’impression de perdre pied.

La fin du roman, sans être totalement décevante, surprend par son surgissement un peu abrupt. La révélation finale, qui aurait pu être un point culminant du récit, laisse de nombreuses zones d’ombre. Si l’effet de surprise est là, il manque sans doute des éléments pour permettre au lecteur de reconstruire le puzzle avec satisfaction. Le sentiment qui domine alors est moins celui d’une conclusion forte que celui d’un mystère partiellement élucidé, voire d’une frustration face à des questions sans réponse.

Les 7 vies de Léo Belami est un roman qui séduit par son originalité, son ambiance cinématographique et son audace narrative. Il parvient à créer une atmosphère singulière, à mi-chemin entre la science-fiction et le drame adolescent, et propose une belle réflexion sur le poids de nos choix. Cependant, certaines lacunes dans la mécanique temporelle, des réactions peu crédibles, et une révélation finale trop brusque peuvent laisser le lecteur un peu dérouté, voire frustré.
C’est un roman qui se lit avec plaisir, qui invite à la réflexion, mais qui aurait gagné à mieux maîtriser la cohérence de son univers pour offrir une expérience plus aboutie.


Afin de compléter ma lecture, je me suis lancée dans le visionnage de la série sur Netflix, Les 7 vies de Léa.
Celle-ci m’a globalement plu, notamment pour sa capacité à créer une intrigue prenante autour du voyage temporel. Beaucoup d’éléments ont été modifiés par rapport aux livres — que ce soit le genre de certains personnages ou même l’intrigue principale — au point qu’on pourrait parler d’inspiration plutôt que d’adaptation. Mais ce n’est pas plus mal : ces choix donnent une vraie personnalité à la série. J’ai particulièrement apprécié la cohérence temporelle, mieux maîtrisée que dans l’œuvre originale.
En revanche, certains aspects m’ont dérangé, notamment le fait que l’héroïne ait des rapports sexuels alors qu’elle habite le corps d’autres personnes, une question morale que la série traite de manière trop légère à mon goût.
Malgré cela, l’ambiance, le jeu des acteurs et le mystère bien ficelé m’ont tenu en haleine jusqu’au bout.



samedi 9 août 2025

Pascal Bresson et Ilaria Tebaldini - Le mystère Henri Pick

 

Auteur : Pascal Bresson
Dessinateur : Ilaria Tebaldini
Éditeur : Boîte à Bulles
Parution : 6 novembre 2024
Pages : 176
EAN-13 : 978-2849535165


Quand elle publie le roman de Henri Pick, un mystérieux pizzaiolo décédé, Delphine Despero est loin d’imaginer la frénésie générale que le livre s’apprête à déclencher.

Delphine Despero est une jeune éditrice prometteuse. En visite à Crozon, elle découvre une bibliothèque pour le moins insolite puisqu'elle possède un rayon unique en son genre où les auteurs peuvent déposer leurs manuscrits de romans refusés...

C'est en fouillant ses étagères que Delphine met la main sur un chef d'oeuvre d'une rare virtuosité. Son titre : Les Dernières heures d'une histoire d'amour. Son auteur : un certain Henri Pick, pizzaiolo de son état.

Sitôt publié, le roman rencontre un vif succès. Mais son auteur étant décédé depuis quelques années déjà, de nombreuses zones d'ombre demeurent : qui était ce mystérieux Henri Pick ? Quelles étaient ses motivations ? Cet ouvrage est-il la révélation d'un génie inconnu ou une supercherie absolue ?

Très vite, le livre devient un véritable phénomène littéraire. Les théories les plus fantasques vont bon train et journalistes, éditeurs et badauds se ruent dans le restaurant du plus célèbre des écrivains-pizzaiolos.

Une adaptation réussie du best-seller de David Foenkinos.



Le mystère Henri Pick, adapté en bande dessinée à partir du roman de David Foenkinos, partait d’une idée intrigante : un manuscrit retrouvé dans une bibliothèque dédiée aux livres refusés, signé par un auteur inconnu, qui devient un phénomène littéraire. Le tout est enveloppé dans une enquête menée par un critique littéraire bien décidé à percer le mystère. Sur le papier, tout était réuni pour séduire une amatrice de récits littéraires. Toutefois, la lecture m’a rapidement laissée perplexe… et, au final, plutôt indifférente.

Le mystère en question, censé être le cœur du récit, m’a peu captivée. Je m’attendais à quelque chose de plus profond ou de plus surprenant. Plus l’enquête avançait, plus mon intérêt s’étiolait, jusqu’à ressentir un vrai agacement devant l’obsession du critique littéraire. Sa fixette sur cette histoire – qu’il traite comme une affaire d’État – a fini par me lasser. Au lieu d’amener une tension ou un enjeu fort, il tire l’intrigue vers une forme d’auto-satisfaction intellectuelle qui ne m’a pas parlé.

Le couple formé par Fred et Delphine, qui devait dynamiser le récit, n’a pas non plus fonctionné pour moi. Leur relation m’a paru peu naturelle et forcée. Plutôt que d’ajouter de la profondeur, leurs échanges m’ont souvent agacée.

Quant à la résolution du mystère, elle m’a laissée sur un sentiment de vide. Un simple "Tout ça pour ça ?" m’est venu à l’esprit. Ce qui aurait pu être une réflexion fine sur la création littéraire, la notoriété ou le rôle de l’édition m’a semblé manquer de souffle et d’émotion.

Ce n’est pas une première déception avec David Foenkinos. J’avais déjà lu La délicatesse, qui ne m’avait pas convaincue non plus : même distance, même manière un peu désincarnée de raconter. Peut-être suis-je simplement hermétique à son style ou à sa sensibilité.
Cela dit, je reste curieuse de découvrir Numéro deux et je lui laisserai peut-être une dernière chance.

mercredi 6 août 2025

Sophie Adriansen et Mathou - Figurante : Journal d'une belle-mère qui ne voulait pas d'un second rôle

 
Auteur : Sophie Adriansen
Dessinateur : Mathou
Editeur : Robert Laffont
Parution : 7 novembre 2024
Pages : 224
EAN-13 : 978-2221276327



Amoureux avec enfant.
Belle-mère avant d'être maman.
Garde alternée et manque de temps.
Belle-fille avec qui ça se tend.
Dispute et grands bouleversements.

Rien de tout cela prévu au programme, évidemment.

Impression de faire de la figuration, souvent.
Pas envie de rester au second plan.

Ce n'est pas de la poésie, c'est la vraie vie.

On m'avait dit que les princes charmants n'avaient pas d'enfant,
Et je ne peux plus changer le casting à présent.

Mais peut-être que je peux choisir mon rôle
Et inventer mon film ?



Ayant découvert Sophie Adriansen et Mathou grâce à La Remplaçante, j’étais curieuse de retrouver leur collaboration dans Figurante, même si le sujet — la belle-maternité — ne me concerne pas personnellement. Et pourtant, j’ai été touchée par cette lecture.

Le livre adopte le même format que La Remplaçante : une narration sensible, portée par des illustrations douces et expressives, qui rende la lecture fluide et accessible. Le ton est juste, oscillant entre humour, vulnérabilité et lucidité. On sent que les autrices ont voulu donner une voix à celles qu’on entend peu, ces femmes qui deviennent belles-mères sans vraiment y être préparées, souvent reléguées à un rôle secondaire — une "figurante", justement.

Même sans être concernée, j’ai apprécié la richesse des réflexions sur la place qu’on occupe dans une famille recomposée, sur l’absence de repères clairs, sur le besoin de reconnaissance et sur les émotions complexes que cela peut engendrer. Cela m’a permis de mieux comprendre les enjeux vécus par certaines personnes de mon entourage, et je pense que c’est là toute la force du livre : rendre visible une expérience souvent tue ou mal comprise.

Ce n’est pas un livre à message unique, mais plutôt un partage d’expérience nuancé, honnête, et bienveillant. Il invite à la réflexion et à l’empathie, même pour les lecteurs qui, comme moi, ne sont pas directement concernés.

Un ouvrage que je recommande, autant pour son propos que pour sa forme. Il mérite d’être lu, discuté et surtout ressenti.

lundi 4 août 2025

Brandon Sanderson - Alcatraz contre les infâmes Bibliothécaires / Alcatraz contre les Ossements du Scribe

 

Auteur : Brandon Sanderson
Éditeur : Lgf
Collection : Ldp Imaginaire
Parution : 4 décembre 2024
Pages : 496
EAN-13 : 978-2253243625



Alcatraz Smedry n’est pas un garçon chanceux : orphelin au prénom improbable, il excelle dans l’art de tout casser, ce qui a le don de lasser ses familles d’accueil. Mais sa vie bascule le jour de ses treize ans : il reçoit un mystérieux sac de sable de la part de ses défunts parents et découvre l’existence de son grand-père un peu dingue, qui l’embarque aussitôt dans une folle aventure afin de sauver le monde des infâmes Bibliothécaires !

Ce volume comprend les deux premières aventures hilarantes et rocambolesques d’Alcatraz Smedry :
- Alcatraz contre les infâmes Bibliothécaires
- Alcatraz contre les Ossements du Scribe


J'ai reçu cet ouvrage grâce à une Masse critique organisée par Babelio. Je les remercie pour leur confiance ainsi que la maison d'édition Le Livre de Poche.

Je dois l'avouer : j'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre. le style narratif, très particulier, m'a déconcertée au début. Brandon Sanderson adopte ici un ton résolument méta, où le narrateur s'adresse directement au lecteur, commente ses propres actions et détourne tous les codes classiques de la fantasy jeunesse. C'est surprenant, parfois un peu déroutant… mais aussi très malin.

Heureusement, une fois qu'on accepte les règles du jeu et qu'on se laisse porter par l'absurdité joyeuse de l'univers, l'histoire prend tout son sens. On découvre un monde parallèle où les bibliothécaires contrôlent secrètement la société en dissimulant la vérité, et une famille dotée de "talents" magiques absurdes mais redoutablement efficaces.

Le héros, Alcatraz Smedry, est attachant dans son exaspérante honnêteté et son humour à froid. Bastille, la jeune chevalière sarcastique et courageuse, a piqué ma curiosité. J'avais très envie d'en apprendre plus sur elle et c’est chose faite dans leur deuxième aventure, Alcatraz contre les Ossements du Scribe, où leur relation prend une dimension plus dynamique encore, entre confrontations et complicité naissante.

Ce second volet poursuit dans la même veine absurde et parodique (Lapinou et son bazooka m’ont fait rire), tout en étoffant l’univers. On y découvre davantage les Royaumes Libres, et l’on comprend mieux la complexité de la guerre contre les Bibliothécaires. L’intrigue gagne en densité, les révélations pleuvent (toujours à travers le prisme de l’humour), et les Smedry dévoilent de nouvelles facettes de leurs talents loufoques.

Le roman mêle aventure, satire et comédie d'une façon plutôt unique. Il faut simplement s'accrocher au début, mais le jeu en vaut la chandelle : on finit par se prendre au jeu, sourire aux pages, et même réfléchir un peu entre deux gags. Le deuxième tome, en particulier, montre que derrière la folie apparente se cache un monde riche, où les enjeux deviennent progressivement plus sérieux, sans jamais se départir de l’humour décalé qui fait tout le sel de la série.

C'est une saga jeunesse intelligente, farfelue, et très originale. Elle ne plaira pas à tout le monde, mais ceux qui aiment l'humour décalé et les univers sortant des sentiers battus y trouveront leur bonheur.