Auteur / Dessinateur: Cécile et Lionel Marty
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de légendes
Parution : 10 septembre 2025
Pages : 64
EAN-13 : 978-2413036678
Parution : 10 septembre 2025
Pages : 64
EAN-13 : 978-2413036678
Automne, seule survivante des Dryades, est liée à un arbre matriciel dont elle tire sa vie et sa force. Les Anciennes lui ont confié la mission cruciale de protéger ce dernier arbre, sous peine de voir sa lignée s'éteindre. Mais le peuple du fer s'aventure dans la forêt sacrée, coupe et brûle tout sur son passage. Automne va devoir intervenir pour les arrêter et préserver son existence.
Avant toute chose, je tiens à
remercier les éditions Delcourt de m’avoir permis de lire cet ouvrage via la
plateforme NetGalley.
L’objet est beau, le titre
évoque le temps qui décline, ce qui meurt doucement, ce qui se souvient.
L’histoire, elle, se veut
fable : Automne est la dernière dryade, gardienne silencieuse d’un arbre
millénaire, reliquat d’un monde englouti. Face à elle, un peuple humain aveuglé
par la logique du fer, de la construction, du profit. L’un préserve, l’autre
rase. La confrontation paraît inévitable.
Il y a dans ce récit une
sincérité qui touche. Une envie claire de parler de la nature comme d’un être
vivant, vulnérable, habité de mémoires anciennes. La métaphore est assumée,
peut-être un peu appuyée parfois, mais portée par une sensibilité réelle. Le
dessin épouse bien cette ambition : les textures végétales foisonnent, les
couleurs rappellent les mousses, les écorces, les rivières obscures. On sent la
forêt, on la voit presque respirer entre les cases.
Toutefois, malgré cette
richesse visuelle, le récit peine à se hisser à la hauteur de ses intentions.
Il reste trop lisse, trop attendu. Le schéma narratif est classique, presque
archétypal : la gardienne sacrifiée, l’agresseur mécanisé, le monde ancien
balayé au nom du progrès. On sent ce que les auteurs veulent dire, mais on ne
le ressent pas toujours pleinement. Automne elle-même, en tant que personnage,
reste distante. Son silence aurait pu être densité, profondeur ; il devient ici
retrait, effacement.
J’ai pensé, en lisant, à Mortal
Engines — ce monde où les villes, littéralement, dévorent les plus petites
pour survivre. À Mad Max, aussi, où les ruines industrielles deviennent
le seul horizon, où la vitesse et la violence tiennent lieu de loi. Automne
n’est pas aussi frontalement dystopique, mais la logique à l’œuvre est la même
: un monde qui avance sans conscience, mû par un besoin de croissance devenu
absurde.
Ici, la ville moderne n’est
pas monstrueuse, pas encore. Elle est méthodique, désincarnée. Ce n’est pas une
question de malveillance, mais d’oubli. Elle ne détruit pas par haine, mais par
automatisme. Et c’est peut-être encore plus inquiétant. Le message écologique,
s’il n’est pas neuf, reste pertinent : ce que l’humain consume, c’est aussi ce
qui pourrait le sauver — une relation au vivant, à la lenteur, à ce qui ne
produit rien mais donne tout.
Reste cette impression, en
refermant le livre, d’un projet fort mais un peu retenu. Comme si, à force de
vouloir préserver la nature, les auteurs n’avaient pas osé en déranger les
branches. L’émotion est là, mais contenue. Le propos est clair, peut-être trop.
Il manque cette zone d’ombre, ce trouble qui fait vaciller nos certitudes et
donne du poids à l’histoire.
Automne est donc un bel
objet, un livre qui mérite d’être lu, ne serait-ce que pour ce qu’il tente.
Mais c’est aussi une œuvre qui laisse entrevoir tout ce qu’elle aurait pu être
: plus ambivalente, plus incarnée, plus vertigineuse. Une graine plantée,
certes, mais qui n’a pas tout à fait pris racine.
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