mercredi 23 juillet 2025

Gareth Brown - Le Livre des portes

 

Auteur : Gareth Brown
Éditeur : Sonatine
Parution : 10 avril 2025
Pages : 585
EAN-13 : 978-2383992103


Cassie Andrews travaille dans une petite librairie newyorkaise. Elle mène une vie plutôt tranquille jusqu'au jour où un de ses clients décède en laissant derrière lui un ouvrage rempli d'inscriptions dont il allait lui faire cadeau, le Livre des Portes. Cassie et sa colocataire Izzy vont bientôt découvrir que cet ouvrage a un incroyable pouvoir. Grâce à lui, chaque porte s'ouvre à l'époque et à l'endroit que l'on désire. Les deux amies font alors la connaissance d'un homme, Drummond Fox, qui leur révèle l'existence d'autres livres magiques : le Livre de la Chance, le Livre des Illusions, le Livre de la Douleur... Autant d'artefacts qui, s'ils tombaient dans de mauvaises mains, pourraient s'avérer terribles. Leur mission est désormais claire : percer le mystère de l'origine de ces livres, et les réunir afin de les mettre à l'abri. Mais, dans l'ombre, une mystérieuse femme veille, avec d'obscurs desseins...

Quête initiatique, lutte contre les forces du mal, voyages dans le temps... tous les ingrédients sont réunis ici pour un fantastique plaisir de lecture. En plus de personnages formidablement campés auxquels on s'attache immédiatement, Le Livre des Portes est aussi, et surtout, un hommage sans précédent aux pouvoirs merveilleux des livres et des histoires.


Pour ce mois de juillet, le bookclub de Chez Cha Cheshire a choisi comme lecture commune Le Livre des portes de Gareth Brown. Un roman qui invite à un fascinant voyage dans l’espace et le temps, mêlé à une mystérieuse histoire autour d’un livre aux pouvoirs singuliers.
 
J’ai passé un bon moment avec ce roman. Il m’a rappelé ces lectures qui nous enveloppent d’une atmosphère un peu magique, un peu hors du temps, où les livres sont plus que des objets : des clés vers d’autres possibles. L’auteur s’inscrit dans cette veine du fantastique littéraire accessible et sensoriel, à mi-chemin entre l’ésotérisme urbain et le conte initiatique. Le style est fluide, souvent très visuel, ce qui facilite une immersion rapide.
 
Ce que j’ai le plus apprécié, c’est la manière dont le roman explore le concept de voyage dans le temps.
Plutôt que de basculer dans des paradoxes temporels ou des réalités alternatives, Gareth Brown adopte une approche "auto-consistante" : chaque voyage dans le passé ne modifie en rien le présent, car il était déjà inscrit dans le cours des événements. Le fil temporel, en quelque sorte, ne peut être changé — puisqu’il a déjà été influencé par ces mêmes voyages.
Cette conception du temps évite les contradictions habituelles du genre, tout en permettant au récit de rester centré sur l’émotion, la mémoire et les trajectoires personnelles. Le voyage dans le temps devient un outil de compréhension de soi, de consolation parfois, sans jamais se transformer en gadget narratif.
 
Là où Le Livre des portes m’a un peu moins convaincue, c’est dans son rythme narratif. Certains passages sont captivants, voire haletants, notamment les découvertes liées aux livres. Mais d’autres sections m’ont paru étirées, avec des dialogues qui manquent parfois de naturel ou de tension dramatique.
Il y a clairement un déséquilibre entre l’élan du début, très prenant, et une partie centrale plus erratique. On sent que l’auteur veut développer son univers, mais cela se fait parfois au détriment de la dynamique de l’intrigue.
 
Autre bémol : les antagonistes. Malheureusement, ils manquent globalement de subtilité. Leur motivation semble souvent réduite à une forme de mal absolu ou de convoitise schématique. Ils incarnent davantage des archétypes que de véritables personnages complexes. Cela nuit à l’impact dramatique de certaines scènes et rend les enjeux manichéens là où le reste du roman tend plutôt vers la nuance.
C’est d’autant plus dommage que certains protagonistes, comme la Femme, laissent entrevoir un vrai potentiel. Présentée comme cruelle, terrifiante et presque mythique, elle intrigue dès ses premières apparitions. Le lecteur attend avec impatience d’en apprendre davantage sur ses origines et ses motivations. Toutefois, ces promesses restent largement inexploitées : son histoire est survolée, et son rôle se réduit finalement à celui d’un méchant fonctionnel. Une occasion manquée de densifier le récit avec une antagoniste marquante, complexe, presque tragique.
J’aurais aimé des adversaires plus ambigus, plus humains, capables de remettre en question les choix des protagonistes ou d’offrir une autre lecture du pouvoir des portes. Là, ils servent surtout de ressorts pour faire avancer l’histoire, mais sans laisser une trace vraiment forte.
 
Le Livre des portes est un roman imparfait mais qui séduira tout de même les lecteurs et lectrices sensibles aux récits où la magie affleure au cœur du quotidien. Gareth Brown y insuffle une tendresse particulière pour les livres et les destinées qu’ils bouleversent. Malgré un rythme irrégulier et des antagonistes trop simplistes — notamment une figure comme la Femme, prometteuse mais sous-exploitée —, c’est une lecture agréable, accessible, et parfois même touchante. Une belle découverte pour le mois de juillet !

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