Auteur : V. E. Schwab
Editeur : Lumen
Parution : 3 juin 2021
Pages : 696
EAN-13 : 978-2371023048
Pages : 696
EAN-13 : 978-2371023048
Une vie dont personne ne se souviendra... Une histoire que vous ne pourrez plus jamais oublier... Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route.
Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d'aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d'Europe d'abord, puis dans le monde entier. Jusqu'au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l'homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ?
J’ai ce roman dans ma bibliothèque depuis sa sortie. Il me faisait envie, je savais qu’il finirait par me parler, mais je repoussais toujours le moment de m’y plonger.
Et puis, la lecture commune du mois de septembre organisée par le bookclub de
Chez Cha Cheshire a été le déclic. L’occasion parfaite pour enfin rencontrer
Addie.
Je savais que ce serait un roman particulier, un de ceux qui prennent leur
temps, qui creusent doucement. Ce que je n’avais pas prévu, c’est à quel point
il me laisserait cette sensation étrange : un mélange de légèreté, de
mélancolie et de réflexion.
Il est des romans qui ne
crient pas. Ils chuchotent à travers les siècles. Ils n’exigent pas d’être lus
dans le fracas, mais dans ce silence où la mémoire se fêle. La vie invisible d’Addie Larue
appartient à cette lignée : celle des œuvres qui narrent l’absence, sculptent le vide et
habitent l’invisible.
Addie Larue refuse le destin qu’on veut lui imposer. En 1714, pour échapper
à un mariage arrangé, elle passe un pacte : vivre libre, mais oubliée. Aussitôt
qu’elle quitte une pièce, les gens ne se souviennent plus d’elle. Pas de nom,
pas de trace, pas de souvenir.
Le concept est aussi cruel que fascinant. Et c’est ce qui m’a tenue tout au
long du roman : ce mélange de solitude, de résistance et de désir de laisser
une empreinte. Parce qu’Addie cherche quand même à exister. À se glisser dans
les interstices de l’Histoire. À inspirer des œuvres, des idées, des émotions.
Même si personne ne sait que c’est elle.
On pense forcément au mythe faustien du pacte avec le diable. Addie vend
son âme pour être libre et découvre que la liberté a un prix qu’elle n’avait
pas mesuré. La relation qu’elle entretient avec Luc — celui à qui elle a fait
ce pacte — est complexe. Il est séduisant, mystérieux, parfois cruel, parfois
troublant. Leur dynamique m’a autant intriguée qu’agacée par moments. C’est
justement ce qui la rend intéressante.
Ce que j’ai aimé, c’est qu’on la suit à travers plusieurs siècles,
plusieurs vies. Elle change de ville, de pays, elle observe le monde évoluer
sans jamais vraiment y appartenir. C’est à la fois fascinant et profondément
triste.
Et puis, il y a Henry, à New York, en 2014. Celui qui, pour une raison
mystérieuse, se souvient d’elle. À partir de là, le roman prend une autre
tournure.
Leur relation apporte un vrai contraste : Addie, marquée par 300 ans de
solitude ; Henry, abîmé par ses propres doutes, sa peur de ne jamais être
"assez". Ensemble, ils essaient d’exister dans un monde qui les abîme
autrement.
C’est une histoire d’amour, oui, mais pas seulement. C’est surtout une
histoire de reconnaissance. Le besoin d’être vu, vraiment.
Le roman prend son temps. On est loin du récit d’action. Il y a des
longueurs, parfois. Mais si on accepte le rythme, on se laisse porter. Il y a
des passages que j’ai trouvés très beaux, d’autres un peu répétitifs, mais dans
l’ensemble, j’ai aimé me laisser happer par cette ambiance un peu hors du
temps
On alterne entre passé et présent, entre moments d’errance et instants de
tension. C’est fluide, mélancolique, souvent touchant.
La vie invisible d’Addie Larue est un roman qui parle d’existence, de solitude, de ce besoin universel
d’être vu, reconnu, aimé. Ce n’est pas une lecture légère, mais une lecture qui
marque, qui pousse à réfléchir.
Ce n’est pas un coup de cœur immédiat pour moi, mais c’est un roman que je
suis contente d’avoir lu et encore plus d’avoir partagé dans le cadre du
bookclub de Chez Cha Cheshire. Il m’a laissée avec des questions,
quelques émotions en suspens et le souvenir d’un personnage qui,
paradoxalement, malgré sa malédiction, ne s’efface pas.