Auteurs : Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
Dessinateur : Adrián Huelva
Éditeur : Dupuis
Parution : 7 janvier 2022
Pages : 144
EAN-13 : 979-1034737765
Jules, Koridwen, Yannis et Stéphane sont enfin réunis à Paris. Mais pas en tant qu'amis, puisque Steph tient en joue Kori et Jules avec son arme... Une situation que les militaires, traquant les ados ayant survécu à la pandémie U4, vont vite aplanir en incendiant les lieux où le quatuor s'était dissimulé ! Découvrant qu'ils sont tous fans du jeu « Warriors of Time » (WOT) et tous convoqués par le maître du jeu Khronos, Jules, Koridwen, Yannis et Stéphane comprennent qu'ils doivent unir leurs forces. Parviendront-ils à remonter le temps, afin d'empêcher l'apocalypse qui a dévasté la planète ? Ou bien Kronos leur réserve-t-il quelques (mauvaises) surprises ? Avoir la même passion pour un jeu en ligne ne signifie pas avoir les mêmes croyances ni la même vision de l'avenir...
Après avoir vécu quatre effondrements (Stéphane, Koridwen, Yannis et Jules), U4 : Khronos s'annonçait comme la clef de voûte, le tome-miroir censé réconcilier les points de vue et refermer les parenthèses laissées ouvertes. Toutefois, ce n'est pas exactement ce que j'y ai trouvé.
On entre dans cette lecture avec cette idée tenace : comprendre enfin ce qu'était U4, ce que signifiait réellement le compte à rebours de Khronos. En un sens, on obtient des fragments de réponses, des révélations en biais, mais jamais la ligne droite, la lumière pleine. Ce choix me questionne. Ce flou m'a beaucoup frustrée. Ce volume embrasse l'ellipse, le paradoxe, la déchirure temporelle, au risque de perdre en densité ce qu'il gagne en mystère.
La promesse de clore l'aventure se heurte à une fin qui ne tranche pas, ne résout pas. Elle semble, au contraire, relancer le doute comme une fin en soi.
Khronos, serait-il un reflet imparfait des quatre premiers opus ? Un prisme où leurs récits se diffractent. Une œuvre qui interroge la narration elle-même : peut-on vraiment raconter la fin d'un monde ? Peut-on figer la vérité quand tout vacille ?
Si l'intention est audacieuse, elle laisse une part du lecteur sur le seuil, les bras pleins de questions. C'est sans doute cela qui m'a laissé une impression de manque. Je voulais comprendre. J'espérais, sinon une réponse, du moins une sensation de clôture. Or, le dernier mot est un point d'interrogation.
La série U4 s'achève non pas dans la clarté, mais dans l'incertitude. Cela fait que je ne sais que penser de la série dans sa globalité. L'univers est fort et la proposition originale. Mais cette fin, ou plutôt ce refus de fin, me laisse trop dubitative. Ce sentiment d'inachèvement fragilise à mes yeux la force du projet.
U4 reste une œuvre intéressante malgré mon incertitude. Peut-être est-ce cela le vrai choc de cette lecture : rester suspendue, là où j'attendais une dernière vérité.